Cannes 2012 : CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÈCLE / Critique

20-05-2012 - 18:02 - Par

De Sylvie Verheyde. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis :  » Nous sommes au lendemain des guerres napoléoniennes. Octave est jeune et beau et il aime sa maîtresse, Elise ; jusqu’à ce qu’il soit le témoin involontaire de sa trahison. Au désespoir premier succède la débauche. Entrainé par son ami Desgenais, Octave devient un parfait libertin, sans que cette nouvelle vie ne parvienne à satisfaire sa soif d’absolu. 
La mort de son père amène Octave à la campagne où il ne tarde pas à rencontrer Brigitte Pierson, une jeune veuve, de dix ans son aînée, qui occupe une large partie de son temps à soulager le malheur des petites gens. Pour Octave, c’est à nouveau l’amour, la passion, auxquels Brigitte tente d’abord d’échapper, ne voulant pas revivre les tortures qu’elle a déjà connues, avant de céder, et de s’y abandonner à nouveau. Octave et Brigitte s’aiment. 
Très vite, au détour d’un petit mensonge anodin, Octave se trouve rattrapé par le soupçon que cette femme, comme l’autre, comme toutes les autres peut-être, pourrait lui mentir, l’asservir, le trahir. Le soupçon que ce sentiment pur et entier dont Octave pressent qu’il serait le seul à pouvoir le sauver de l’ennui et du désespoir que distille « le siècle » est une chimère, le soupçon que Desgenais pourrait avoir raison qui clame que l’amour n’existe pas.  »

Directement inspiré du roman qu’a rédigé Alfred de Musset à l’attention de son aimante George Sand, CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÈCLE était l’une des curiosités de cette édition 2012. Pourquoi ? Pour son interprète principal, bien sûr, le héros trash des tabloïds : Pete Doherty, crédité au générique sous le nom de Peter Doherty – ce qui nous semble être plus sérieux, n’est-ce pas ? Le cœur brisé par ses amours précédentes, son personnage Octave erre dans le libertinage et l’ancien leader des Libertines se dandine comme un lad aviné avec son chapeau et sa canne, dans un film qui ne fait malheureusement pas le poids face à son buzz excessif. Pas franchement expressif, persuadé que la langueur et la mollesse sont synonymes de séduction, Peter ne fait pas grand effort pour être autre chose que Peter : un romantique aux atermoiements existentiels. Un personnage traversant de méchantes crises de cruauté, éternellement tenté par l’inaccessible et perpétuellement déçu par ce qu’il possède. On ne doute pas que si le chanteur s’est investi dans ce projet, c’est que sa curiosité et son envie ne sont pas en cause. En revanche, on soupçonne la réalisatrice Sylvie Verheyde de ne pas avoir mis au défi son acteur de briser la barrière de sa pudeur d’une part, et de s’être satisfait de sa simple présence, de l’autre. Face à lui et face aux multiples acteurs à la moue blasée campant des dandys non moins torturés (n’en jetez plus), Charlotte Gainsbourg donne une sévère leçon de jeu (c’est devenu une habitude, dont on ne se lasse pas) et son affection pour son partenaire sauve littéralement le long-métrage du désastre. Malheureusement, avec un filmage à l’épaule un peu poseur (une poignée de plans sont beaux mais c’est insuffisant), une durée interminable (2h) et une désagréable impression d’artificiel, CONFESSION D’UN ENFANT DU SIÈCLE peut vite devenir un petit objet énervant. Il est à réserver aux curieux de la reconversion temporaire de Pete « Peter » Doherty, personnage hautement sympathique, même sans alcool dans le sang.

De Sylvie Verheyde. Avec Charlotte Gainsbourg, Pete Doherty. France. 2h05. Prochainement

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