Cannes 2012 : THE SAPPHIRES / Critique

20-05-2012 - 17:18 - Par

De Wayne Blair. Sélection officielle, hors compétition, Séances de minuit.

Synopsis : Australie, 1968, trois sœurs aborigènes : Gail, Julie et Cynthia et leur cousine Kay, sont découvertes par Dave, musicien irlandais au caractère bien trempé, amateur de whiskey et de soul music. Dave remanie le répertoire du groupe, rebaptisé THE SAPPHIRES, équivalent australien des Supremes, et organise une tournée dans les zones de guerre du Vietnam du Sud. Dans le delta du Mékong où elles chantent pour les marines, les filles déchainent les foules, esquivent les balles et tombent amoureuses. Inspiré d’une histoire vraie, et d’un musical à succès éponyme.

Depuis quelques années, on se passionne pour le cinéma australien, sa cinématographie extrême et inédite, avec en point d’orgue des opus comme THE PROPOSITION de John Hillcoat, ANIMAL KINGDOM de David Michôd ou LES CRIMES DE SNOWTOWN de Justin Kurzel. THE SAPPHIRES n’entrera malheureusement pas dans cette lignée, et pour cause : ce projet inspiré de faits réels n’affiche pas les mêmes ambitions, et lorgne même vers un classicisme hollywoodien entre biopic balisé et film musical, le tout sur fond social et politique. Ou comment, à la fin des années 60, un groupe de quatre jeunes filles aborigènes va transcender son statut – jusque dans les années 70, le peuple originel australien était considéré comme « faune et flore » nous apprend le film… – et devenir un groupe de soul imparable tournant au Vietnam pour divertir les troupes. Certains auraient tiré de ce sujet un brûlot revendicateur, moulé dans le feu rageur de la soul music. THE SAPPHIRES s’impose au contraire comme un feel good movie aux intentions simples et à la cible extrêmement populaire. Ce qui est loin d’être un défaut en soi. Car bien que le long-métrage de Wayne Blair soit anecdotique, il déborde d’une énergie plutôt communicative (merci la soul music et ses standards hautement énergétiques) et d’un charme indéniable. Ainsi, on se prend rapidement au jeu, on s’attendrit pour les fortes personnalités de ces quatre filles pleines de peps et de talent, on tape du pied dès qu’elles entonnent « I’ll Take You There », et l’on rit assez souvent à des dialogues remarquablement écrits et débités par un Chris O’Dowd (MES MEILLEURES AMIES) absolument fantastique de charisme laid back. On pourrait même imaginer que sans lui, THE SAPPHIRES aurait eu du mal à décoller. Alors, quand viennent les séquences plus graves traitant du sort des aborigènes et de leurs enfants volés par les blancs, THE SAPPHIRES peine davantage à convaincre, ces instants d’émotion semblant bien trop policés pour traiter le sujet, et bien trop décalés pour se hisser au niveau des séquences légères ou musicales. On s’en tiendra donc aux velléités divertissantes du film, et on attendra qu’un autre opus creuse davantage, et avec plus de force, le passé tragique des aborigènes – pour leur présent, on se réfèrera à SAMSON ET DELILAH ou au magnifique TOOMELAH. THE SAPPHIRES s’impose en tout cas comme une mignonne introduction à la cause.

De Wayne Blair. Avec Chris O’Dowd, Deborah Mailman, Jessica Mauboy, Shari Sebbens, Miranda Tapsell. Australie. 1h38

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