Cannes 2012 : AI TO MAKOTO / Critique

22-05-2012 - 17:40 - Par

De Takashi Miike. Sélection officielle, hors compétition, Séances de minuit.

Synopsis : Makoto, jeune lycéen bagarreur et à problèmes, arrive à Tokyo pour se venger d’un incident passé. Au premier regard, il tombe amoureux d’Ai, une adolescente de bonne famille. Autour d’eux gravitent Iwashimizu, qui a lui aussi des sentiments pour Ai, ainsi que Gamuko, membre d’un gang et amoureuse de Makoto. Inspiré d’un manga éponyme créé par Ikki Kajiwara et Takumi Nagayasu. Déjà adapté sous forme de série télé, et d’une trilogie cinéma dans les années 70 – réalisée par Shigeyuki Yamane et Hideo Nanbu.

Tournant à un rythme frénétique (deux films par an au bas mot), Takashi Miike parvient toujours à donner un minimum d’intérêt à ses projets, tentant désespérément d’éviter la redite et la lassitude des spectateurs curieux de son cinéma prolifique. Si vous pouvez trouver son 13 ASSASSINS en DVD depuis peu, vous pourrez peut-être profiter de son nouveau AI TO MAKOTO, bien baisé comme on l’attendait. Il s’agit là d’une comédie musicale, avec des chansons pourlingues et de piètres danseurs, dans un univers scandaleusement proche de celui de CROWS ZERO. C’est à dire que les lycéens à l’uniforme bien repassé arborent une coupe de cheveux très Vivelle Dop et une sérieuse envie de se bastonner jusqu’à la mort. Opposée à toute cette violence, la charmante Ai, âme sœur du loubard Makoto qui ne cesse de l’éconduire, va tenter de lui faire changer de mode de vie, d’abord en prêchant la bonne parole (« la violence n’est pas la solution » assène-t-elle niaisement) puis en l’enfermant dans une école de riches pour lui inculquer les bonnes manières. Mademoiselle est bien pensante (« Je suis bourgeoise mais je refuse les traitements de faveur ») et donnerait sa vie pour que Makoto se soigne de son überagressivité. L’histoire progressant aussi grâce à des morceaux musicaux absolument hilarants, dont les chorégraphies n’ont rien à envier à « la danse des canards ». Malgré la gaudriole, malgré l’impression patente de voir un film bâti sur le recyclage, Miike ne pourra pas être taxé de bâcler la forme. À l’instar de son modèle punk, l’image est d’une puissance incroyable, la lumière est d’une beauté à se damner, les dialogues n’ont pas leur langue dans leur poche et la mise en scène est précise, magistrale. Si bien que c’est un véritable ballet psychédélique et outrancier qu’il nous donne à voir. Mais plus qu’un film tout spectaculaire, AI TO MAKOTO détient aussi une dimension romanesco-romantique qui le rapprocherait (avec un brin d’exagération) d’un WEST SIDE STORY de série B. Il est beau, fatigant, excessif, imaginatif, complaisant, il ne rentre dans aucune case préconçue du cinéma et il exige du spectateur de ne pas avoir peur du ridicule. Inclassable mais pas crucial.

De Takashi Miike. Avec Satoshi Tsumabuki, Emi Takei, Tsuyoshi Ihara. Japon. 2h14

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