LA CABANE DANS LES BOIS : chronique / rattrapage

11-05-2012 - 09:22 - Par

Déconstruisons le film d’horreur, voir si le boogeyman n’y est pas. Amusant et malin, bien que la réflexion tourne à vide.

Cinq étudiants se rendent dans une cabane isolée le temps d’un week-end. L’horreur va rapidement s’inviter à leur porte. Avec un slogan tonitruant – « Vous pensez connaître l’histoire. Vous pensez déjà connaître la fin. Vous avez tort. » –, LA CABANE DANS LES BOIS se devait de contourner les passages obligés du film d’horreur. On ne révèlera rien de plus que ce que la production a bien voulu dévoiler, mais signalons que LA CABANE DANS LES BOIS démêle les mystères de son intrigue très rapidement, dès le premier acte. Et, à l’instar de SCREAM, se propose de déconstruire le film d’horreur en se jouant de ses poncifs. Les cinq héros sont ici littéralement poussés à correspondre à des archétypes simples (le sportif, la cochonne, le drogué, l’intello, la sainte nitouche), et certains éléments du récit singent tout ce qui peut parfois irriter dans les VENDREDI 13 et autres, comme cette manie qu’ont les protagonistes de se séparer pour mieux se faire trucider. Le scénario, coécrit par Drew Goddard (qui signe ici sa première réal) et Joss Whedon (également producteur), propose ainsi une vision satirique et parfois franchement drôle du genre dans lequel il s’inscrit. Malheureusement, cet exercice de style méta – qui ne parlera qu’aux initiés –, ne fonctionne pas totalement : là où les héros de Wes Craven connaissaient les codes du cinéma et les commentaient, ceux de Goddard et Whedon n’en sont absolument pas conscients, et ne sont que les pantins de la malice des auteurs. Au point que, même si le film rit des poncifs, jamais il ne les contourne vraiment. Car un cliché reste un cliché. Un point sur lequel la démarche franchement parodique de TUCKER ET DALE FIGHTENT LE MAL s’avérait plus viable. On regrette aussi que LA CABANE DANS LES BOIS ne s’intéresse pas plus aux personnages de Richard Jenkins et Bradley Whitford, qui auraient pu fournir une voie idéale pour prendre le public à rebours. Au détour d’une excellente scène intervenant au bout d’une heure de métrage, on pense voir venir leur moment de gloire et poindre l’instant où le film va enfin basculer, mais Goddard et Whedon reviennent rapidement aux fondamentaux. Heureusement, la dernière demi-heure se révèle gore et débridée, faisant de LA CABANE DANS LES BOIS une lettre d’amour sincère à un genre trop souvent maltraité par des recettes hollywoodiennes. Du très bon divertissement donc, mais pas le game changer espéré.

De Drew Goddard. Avec Chris Hemsworth, Kristen Connolly, Richard Jenkins. États-Unis. 1h35. Sorti depuis le 2 mai

Note : 3/5

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