Cannes 2012 : LES DENTS DE LA MER – VERSION RESTAUREE / Report

24-05-2012 - 15:56 - Par

De Steven Spielberg. Sélection officielle, Cannes Classics.

Il y a 30 ans, en mai 1982, Steven Spielberg présentait l’un de ses plus grands films, E.T., en clôture du Festival de Cannes. L’anecdote veut que ce fût le dernier film projeté dans l’ancien Palais des Festivals – depuis détruit et remplacé par un hôtel de luxe. L’histoire, elle, a retenu qu’E.T. reçut une standing ovation de 15 minutes. A cette époque, Spielberg n’était ni un p’tit nouveau sur la Croisette – il y était déjà venu en 1974 avec SUGARLAND EXPRESS, couronné d’un Prix du scénario –, et encore moins un newbie, puisqu’il faisait déjà partie des personnalités les plus influentes d’Hollywood grâce notamment à JAWS, alias LES DENTS DE LA MER, premier film à dépasser le seuil des 100 millions de dollars de recettes au box office US, et initiateur de la vague des blockbusters estivaux. Spielberg est depuis revenu épisodiquement à Cannes, par deux fois hors compétition : en 1986 pour LA COULEUR POURPRE, puis en 2008 pour INDIANA JONES ET LE ROYAUME DU CRANE DE CRISTAL. Mais aucune de ces venues n’aura autant marqué que celle de 1982, et désormais celle de 2012. Car Steven Spielberg nous offrait cette année, en sélection officielle, dans la section Cannes Classics, la projection en avant-première mondiale des DENTS DE LA MER, version restaurée.

Cliquer pour agrandir

Une restauration événement, que les fans pourront découvrir tranquillement chez eux en Blu-ray lors d’une sortie extrêmement attendue et prévue le 14 août prochain – on en reparlera plus avant dans les semaines qui viennent. Les festivaliers, eux, ont donc eu la joie de la voir sur grand écran. Introduite par le délégué général Thierry Frémaux – confiant à l’assistance que Richard Dreyfuss est son acteur préféré, le monsieur a du goût – et Pauline Grimaldi (DG d’Universal France), la projection des DENTS DE LA MER à Cannes Classics sert selon eux de première étape à la célébration des 100 ans d’Universal. Un anniversaire fêté par la major via diverses ressorties en Blu-ray de classiques restaurés, et à la fin de l’année, d’une rétrospective de 100 films à la Cinémathèque Française de Paris. Puis, c’est au tour de Steven Spielberg, malheureusement absent de la Croisette, mais présent avec le cœur via une vidéo enregistrée, de présenter LES DENTS DE LA MER à un public impatient.

« Je tiens à vous dire que je n’ai rien contre les requins. Ils m’ont même plutôt bien réussi », blague-t-il dans son ton légendairement laid-back et réservé. Surtout, le cinéaste assure que selon lui, LES DENTS DE LA MER fait partie de ses anciens films « ayant le moins vieilli » à ses yeux. Ce dont nous sommes sûrs a priori – on a encore revu la chose voilà moins d’un an avec délice pour préparer notre dossier spécial de 45 pages sur le cinéaste –, mais que nous allons vérifier une nouvelle fois grâce à son nouvel écrin. Sur grand écran. On se répète mais l’auteur de ces lignes, biberonné à Spielberg depuis 30 piges, n’avait jamais eu l’occasion de voir LES DENTS DE LA MER dans le confort sombre d’une salle de cinéma…

Cliquer pour agrandir

L’expérience se révèlera absolument dantesque. La première raison ? La présence dans le rang juste devant nous d’une spectatrice d’une vingtaine d’années n’ayant visiblement jamais vu le chef d’œuvre aquatique de Spielberg, et qui, à plusieurs moments clés, sursauta de tout son corps en hurlant, rythmant la projection de sa terreur. La seconde raison ? La restauration des DENTS DE LA MER s’avère tout bonnement superbe : le piqué, les contrastes et le grain originel redonnent une nouvelle jeunesse au film, qui ne nous était jamais apparu aussi beau, lumineux et clair. Mais la meilleure des raisons, c’est découvrir que LES DENTS DE LA MER, après des dizaines de visionnage, demeure un spectacle insondable de richesse et inégalable d’inventivité, dont chaque ressort fonctionne d’autant mieux quand le film est vécu de concert avec une salle de 400 personnes vibrant à l’unisson. Une projection sur grand écran rappelle également que les CGI, aussi réussies soient-elles, ne remplaceront jamais un accessoire de cinéma réel, interagissant avec les acteurs. La spectatrice bondissante aurait-elle été aussi terrifiée si elle n’avait pas ressenti la présence même du requin sur le plateau et si le requin, même plus réaliste, avait été en CGI ? On en doute… La voilà la force de ce film intemporel : rappeler que la puissance d’évocation du cinéma ne dépend d’aucun autre facteur que le génie de conteur de ceux qui le font. Et parmi eux, Steven Spielberg reste l’un des plus doués et généreux.

De Steven Spielberg. Avec Richard Dreyfuss, Roy Scheider, Robert Shaw.

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.