Cannes 2012 : On a vu 5 minutes de ONLY GOD FORGIVES de Nicolas Winding Refn et THE GRANDMASTERS de Wong Kar-wai

25-05-2012 - 10:33 - Par

Le Festival a organisé cette année un événement inédit : présenter aux festivaliers des images exclusives de films très attendus. Débrief.

Dans la salle du 60e anniversaire, Thierry Frémaux n’était pas peu fier de présenter aux festivaliers le « film surprise » de l’année. Depuis le matin, les mieux informés savaient que la chose n’était pas un long-métrage, mais une bande-démo de 30 minutes offrant des images exclusives de projets tournés et en montage. La projection a donc commencé par des trailers et autres extraits de divers films comme FRANKENWEENIE de Tim Burton, CHIMPANZES d’Alastair Fothergill, ou SPRING BREAKERS d’Harmony Korine avec James Franco, Selena Gomez et Vanessa Hudgens. Mais tout le monde attendait surtout les avant-premières mondiales publiques des footages de ONLY GOD FORGIVES de Nicolas Winding Refn et THE GRANDMASTERS de Wong Kar-wai. Des images que nous allons vous décrire ci-dessous, inutile donc de préciser que le texte ci-dessous sera HAUTEMENT SPOILER !

THE GRANDMASTERS

Thierry Frémaux, avant de lancer la bande de 5mn10s concoctée spécialement pour le Festival par Wong Kar-wai, a ironisé : « Ce film devait être présent à Cannes voilà deux ans, puis l’an dernier, et encore cette année, mais il n’est toujours pas prêt ». Référence évidente aux multiples retards de ce biopic d’Ip Man avec Tony Leung et Zhang Ziyi, que Wong Kar-wai peaufine depuis des lustres. Et à la vue du footage, on comprend pourquoi. Les cinq minutes concernaient entièrement le personnage campé par Zhang Ziyi. Petite fille, elle observe son père s’entraîner seul dans un jardin, à un art martial si létal qu’il ne le pratique qu’à l’abri des regards, et qu’il ne souhaite pas enseigner à ses élèves. Mais après avoir observé sa descendance tenter de reproduire les mêmes gestes, le paternel transmet à sa fille le dit art martial. « Ce que j’ai appris de mon père, c’est bien plus qu’une technique : c’est un code d’honneur », lance Zhang Ziyi. Cinq minutes absolument prodigieuses, que l’on comparera de façon ostentatoire à une sorte de TREE OF LIFE du kung fu, tout en naturalisme, beauté esthétique ahurissante, et philosophie poétique. Vent dans les arbres, mouvements gracieux, neige perlant sur les branches, soleil nourrissant l’image, travail fantastique sur le son et la photographie : la précision formelle de ces cinq minutes, autant que la puissance évocatrice des images, nous ont littéralement impressionnés. Wong Kar-wai pourrait signer là le film définitif dans le genre, et si l’on attendait déjà THE GRANDMASTERS avec immense impatience, notre cas ne s’est pas arrangé avec cette présentation… (A.A.)

ONLY GOD FORGIVES

Gros plan sur la braguette de Ryan Gosling… Nicolas Winding Refn continue de bâtir la légende autour de son acteur fétiche, le glamorisant à mort. Cela nous a sauté aux yeux en 3-4 minutes de footage : dans les salons d’un club à putes de luxe de Bangkok, Ryan agresse deux gros lubriques. Les verres valdinguent et la fuite de nos deux « victimes » va finir en boucherie : filmé en contre-plongée (évidemment), Ryan chope la dentition supérieure de l’une de ses proies, à terre, et la traîne sur quelques mètres de moquette avant de lui éclater la gueule à coup de poing, sur le parking, et de le finir à la ceinture. Le lynchage est entrecoupé de plans sur une statue en bronze d’un combattant, en tenue de Muay Thaï. Ça, c’est fait. Le tout, bien sûr, sur une musique électronique de backroom dont seul son monteur, Mat Newman, a le secret. Parfaite entrée en matière pour un film que le monde attend de pied ferme et dont les similarités avec DRIVE lui vaudront peut-être une volée de bois vert. Pourtant, qu’un réalisateur tente, de film en film, de parfaire un personnage iconique, grâce à un seul et même acteur dont il s’est entiché, n’a rien de nouveau. C’est même une démarche qui s’est perdue depuis Clint Eastwood et Sergio Leone… On croise les doigts pour que Refn débarque sur la Croisette l’an prochain avec – cette fois – le film en entier. Et réitère le choc DRIVE à la sauce thaï. (E.S.)

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