Robert Pattinson lâche les canines et passe du stade de gentil vampire à celui de beau salaud. Grand écart réussi ?
Depuis trois ans maintenant, Robert Pattinson s’est construit presque malgré lui une image de héros romantique dont les silences et la moue renfrognée cachent une sensibilité à fleur de peau prompte à faire vaciller n’importe quelle jeune fille. Et pourtant, avant d’avoir adopté le teint blafard d’Edward, il aura roulé sa bosse dans nombre de productions allant de l’heroic fantasy (L’ANNEAU SACRÉ) au film en costumes (LA FOIRE AUX VANITÉS) en passant par l’école d’HARRY POTTER. La page TWILIGHT n’est pas encore tournée (le dernier opus sort cet automne), que notre idole des jeunes pense déjà à la reconversion. Pas étonnant pour cet ancien mannequin s’étant fait les dents sur les planches avant de conquérir le grand écran. Et si en 2011, il s’était permis une dernière parenthèse enchantée avec le mignon DE L’EAU POUR LES ÉLÉPHANTS, 2012 sonne comme l’année de tous les dangers. Bien décidé à démontrer qu’il n’est pas qu’une belle gueule, il multiplie les coups de dés comme autant de paris risqués pour sa frêle réputation. Un mois tout juste après COSMOPOLIS, il récidive avec BEL AMI. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la mue commence à prendre sacrément forme. Dans cette adaptation du célèbre roman de Guy de Maupassant, Robert boit (beaucoup), baise (encore plus) et affiche une belle arrogance. Cela suffit-il à rendre le résultat convain- cant ? Pas vraiment. Produit par Simon Fuller, ancien agent artistique des Spice Girls et producteur de l’émission AMERICAN IDOL, BEL AMI sent le produit calibré pour jeunes groupies. Engoncés dans un jeu très théâtral, les acteurs en font des caisses sans jamais prendre de recul avec le texte original. Seule la trop rare Christina Ricci parvient à tirer son épingle du jeu en apportant une sensualité bienvenue dans un ensemble beaucoup trop sage. À cheval entre séduction et hystérie, Pattinson campe un « BEL AMI » plutôt convaincant. Dommage que la réalisation ne se montre pas à la hauteur du doux pouvoir de fascination exercé par son personnage. Transfuges du théâtre, les deux réalisateurs (dont c’est le premier long- métrage) peinent à s’affranchir de leur héritage scénique et offrent une mise en scène très rudimentaire. Du coup, le film s’avère être davantage « Maupassant pour les nuls » que la véritable relecture attendue.
De Declan Donnellan et Nick Ormerod. Avec Robert Pattinson, Uma Thurman, Kristin Scott Thomas. Grande-Bretagne. 1h43. Sortie le 27 juin
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