SAFE : chronique

27-06-2012 - 09:50 - Par

Quand le producteur de Quentin Tarantino, Lawrence Bender, rencontre le gentleman bourrin, Jason Statham, ça ne fait pas de grosses étincelles. Mais ça tatane sévère.

Quiconque suit avec un minimum d’attention la carrière de Jason Statham sait que l’ex- Transporteur est comme ses aînés de la castagne Chuck Norris ou Steven Seagal : ce n’est pas lui qui se plie aux impératifs d’un film, c’est le film qui doit se plier à son image de dur à cuire. C’est aussi vrai pour les récents LE FLINGUEUR et KILLER ELITE que ça l’est pour SAFE. On peut donc imaginer que le projet de Boaz Yakin (LE PLUS BEAU DES COMBATS) a été légèrement recadré en cours de route. On prendra pour preuve les petites ambitions narratives (entremêlements de flashbacks) et esthétiques (abondance de long plans sans coupe) du début qui périclitent en milieu de parcours sous les coups de la stathamerie qui ne fait pas dans le détail. Un problème en soit ? Dans le cas de SAFE, pas vraiment, car il faut reconnaître que le script ne brille pas par la finesse de sa plume (Yakin est l’auteur de DIRTY DANCING 2 et PRINCE OF PERSIA) : flic à la rue et au bout du rouleau, Frank Wright (notre ami Jason) se donne pour mission de protéger et servir la petite Mei. Une gamine dotée d’une mémoire d’ordinateur où se trouve un code sur lequel voudraient mettre la main les mafias chinoise et russe, et un panel de policiers corrompus de New York. La suite est facile à deviner – ça va barder pour le matricule de plusieurs mauvais bougres – contrai- -rement aux bifurcations tarabiscotées d’un récit qui semble s’écrire au fur et à mesure. C’est là que la vampirisation de Jason Statham se révèle bénéfique, permettant de contrecarrer cette faiblesse grâce à une valse de bourre-pifs et de déboitages de rotules dans un style sec et nerveux qui fracasse tout sur son passage. Obéissant à l’adage du « con mais tellement fun », SAFE transpire l’amour du bourrage de crâne (au sens littéral) qui le rend immédiatement sympathique. Tant pis si tout cela n’à ni queue ni tête, si l’accent du briton ne prend même pas la peine de masquer ses origines, on s’amuse comme des petits fous devant un divertissement régressif empruntant la voie des plus improbables polars musclés des années 90. Il fut un temps où Boaz Yakin était juste le scénariste du PUNISHER (version Dolph Lundgren) et de LA RELÈVE de Clint Eastwood. Avec SAFE, le réalisateur renoue de solides liens avec cette belle époque. Nostalgie, quand tu nous tiens.

De Boaz Yakin. Avec Jason Statham, Catherine Chan, James Hong. États-Unis. 1h34. Sortie le 27 juin

Note de la rédaction : 3/5

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