HOLD-UP : chronique

15-08-2012 - 15:18 - Par

Où quand le réalisateur d’INSOMNIA nous apprend que le casse du siècle en Norvège est la cause de braqueurs amateurs. Incroyable mais vrai, comme dirait l’autre.

Malgré son remarqué INSOMNIA (datant de 1997 mine de rien), Erik Skjoldbjaerg n’a plus vraiment fait parler de lui sur la scène internationale. On pourrait dire que c’est un peu la faute involontaire de Christopher Nolan qui nous a fait oublier le thriller original en faveur de sa copie américaine, supérieure il est vrai. Mais le réalisateur norvégien n’est pas non plus étranger à son passage sous les radars. Lui qui n’a pas transformé l’essai avec sa première expérience étrangère (PROZAC NATION), toujours inédite chez nous, s’est exilé sur le petit écran chez lui. Et bien que ce HOLD-UP débarque tardivement chez nous après deux ans de tournée festivalière, l’objet du délit prouve une chose : nous avons eu tort de perdre de vue son responsable. Comme son titre et son affiche l’indiquent, le film s’intéresse à un véritable casse nordique perpétré le 5 avril 2004 : 11 hommes déguisés en groupe d’intervention ont fait irruption dans la banque Nokas de la ville de Stavanger et ont filé avec 51 millions dans les poches après plusieurs minutes d’échanges de coups de feu avec la vraie police, dépassée par l’audace du crime et la détermination de ses auteurs. Erik Skjoldbjaerg délaisse les événements qui s’ensuivent (la capture des malfaiteurs, leur jugement et la disparition d’une large partie du butin), pour ne retenir que l’opération criminelle elle-même. Une vingtaine de minutes étirées sur une heure et demie d’analyse clinique et détaillée de chaque étape qui conduira l’affrontement vers l’issue tragique d’un plan tout sauf parfait. Si HOLD-UP met en lumière les bavures de forces de l’ordre matériellement et psychologiquement inaptes à réagir en conséquence de la situation, les braqueurs ne sont pas mieux lotis. Passé un ralenti iconique de leur passage à l’action, leur supposé professionnalisme se voit tourné en ridicule par la rapide révélation de leur amateurisme : une vitre pare-balles récalcitrante et c’est toute leur préparation qui échoue lamentablement. Quand la réalité vient rappeler à l’ordre la fiction et sa théâtralité sous haute influence cinématographique (Michael Mann doit en avoir marre d’inspirer tous les détrousseurs de banque), que prend pour cible le metteur en scène. En opposition avec les représentations sensationnalistes de ce type de fait-divers, HOLD-UP livre un rendu documentaire impartial, si ce n’est les piques sarcastiques qui débordent de l’extravagance – pourtant réelle – de certaines situations. Des entorses à son parti-pris que Skjoldbjaerg utilise pour mieux dénoncer la spectacularisation d’un drame humain, renvoyant à la figure du spectateur en mal de sensations fortes, son voyeurisme déplacé. À l’image du dernier plan, froid comme la mort d’un des protagoniste de cette triste et passionnante histoire.

De Erik Skjoldbjaerg. Avec Marit Synnove Berg, Frode Winther Gunnes, Morten Larsen. Norvège. 1h27. 

Sortie le 15 août

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