TED : chronique

10-10-2012 - 12:54 - Par

Le créateur d’AMERICAN DAD et des GRIFFIN se lance au cinéma et dans le live action. Il signe la comédie la plus grassement drôle de l’année.

« Jusqu’où peut-on aller pour promotionniser un film ? Jusqu’à le meurtre ? », se demandaient Les Nuls dans LA CITÉ DE LA PEUR. Face à TED, premier long-métrage de Seth MacFarlane – créateur, auteur, acteur vocal et producteur des séries animées LES GRIFFIN et AMERICAN DAD –, la question serait plutôt : « Jusqu’où peut-on aller dans la vulgarité pour faire rire ? » La réponse du réalisateur est concise : vers l’infini. Voire au-delà ! Qu’elle soit graphique ou parlée, l’obscénité contamine totalement TED, et se paie la religion, la politique, le sexe, la drogue, la pop culture, l’enfance, le mariage, le travail. Ou la grosse commission. Tout ça pour nous conter comment John, 10 ans, fait le vœu de voir son ours en peluche Ted prendre vie. Un vœu exaucé… Mais une fois devenu adulte, John (Mark Wahlberg) doit faire un choix : rester un ado attardé fumant des joints avec Ted (doublé par Seth MacFarlane), ou donner à sa petite amie Lori (Mila Kunis) la vie d’adulte qu’elle désire. Loin du conte de fées familial, MacFarlane signe ici la comédie dont on rêvait depuis VERY BAD TRIP : sans concession, blindée de dialogues hilarants, de situations ahurissantes et originales, de références pointues, de seconds rôles grotesques (mais bien croqués) ou de caméos surprenants. Le tout sans aucune limite, donc. Parfois même jusqu’à saturation, au point que le spectateur se cachera parfois pour rire, tant le programme proposé par TED fait dans la grossièreté la plus vile, les blagues « carton rouge » les plus honteuses, ou le slapstick scato et/ou sexuel le plus gênant. C’est donc toute une tradition de la comédie américaine que ravive ici MacFarlane, celle des Farrelly, de Richard Pryor ou d’Andy Kaufman. Celle qui ne s’excuse jamais de ses excès. Un credo du rire à tout prix et d’un rythme ininterrompu de gaudriole qui fonctionne à plein : rarement se sera-t-on esclaffé ainsi, de la première à la dernière minute d’un film. Une efficacité due à des performances convaincues de Mark Wahlberg – jamais aussi bon que dans l’outrance idiote – ou de MacFarlane, dont l’interprétation vocale (assortie d’effets numériques bluffants) donne à l’ourson Ted une personnalité aussi palpable que crédible. En revanche, on regrettera que le personnage de Mila Kunis, garde-fou et moteur du récit, ne soit pas plus développé. D’autant que, sur 110 minutes, un tiers seulement permet réellement la progression de la narration, MacFarlane préférant à la rigueur narrative la digression la plus chaotique – mais aussi la plus hilarante – chère à la sitcom. En dépit de ces quelques défauts et d’un scénario au final prévisible, TED parvient à se hisser au-dessus de 99% des comédies américaines actuelles. Immanquable.

De Seth MacFarlane. Avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane. Etats-Unis. 1h47. Sortie le 10 octobre

Note de la rédaction : 

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