LE JOUR DES CORNEILLES : chronique

24-10-2012 - 13:04 - Par

Conte doux-amer sur un enfant sauvage, LE JOUR DES CORNEILLES fait entrer de plein pied l’animation française dans la forêt des productions Ghibli.

Ce n’est vraiment pas une facilité de critique d’évoquer le nom de Miyazaki à propos du JOUR DES CORNEILLES. Animisme, fantômes, récit initiatique, relations parents enfants… même adapté d’un roman canadien, le dessin animé de Jean- Christophe Dessaint entretient clairement un cousinage avec l’univers du créateur de TOTORO et PRINCESSE MONONOKE. LE JOUR DES CORNEILLES ne renonce pas pour autant à une identité personnelle. Il y a quelque chose dans cette histoire d’enfant sauvage qui renoue avec la civilisation des hommes, du meilleur du folklore à la française, à mi-chemin entre la truculence de LA GUERRE DES BOUTONS et la part fantastique (et celle psychanalytique) des contes de Perrault. Une puissance des récits à l’ancienne affirmée jusque dans l’animation old school, faite main, où les respirations d’un scénario ne disent pas non par moments à de belles pauses contemplatives. Bien sûr, on devine ici et là quelques probables artifices numériques, affinant la spectaculaire profondeur de champ des scènes en forêt ou une main tendue vers les codes du public ado contemporain (les caractères comme les expressions faciales des personnages, tout droit venues des Shonen manga). Le scénario n’en est pas moins d’une étonnante densité, affichant une volonté de parler aux mômes, les yeux dans les yeux, du deuil et de ses douleurs inguérissables, de l’émancipation ou des rites de passage. LE JOUR DES CORNEILLES n’est jamais béni oui-oui, ni en état de déni des traumatismes de ce duo père-fils. Une volonté portée par le parfait casting vocal (Jean Réno, impressionnant en ogre tyrannique malgré lui ; Lorant Deutsch idéal en Candide curieux sans être naïf ; Isabelle Carré, aussi méconnaissable qu’inattendue en adolescente bravache) jusque dans la présence d’un inattendu fantôme supplémentaire : Claude Chabrol – décédé après l’enregistrement des voix – dont la présence via un personnage de médecin bonhomme sans être dupe, résume bien la philosophie de ce dessin animé : bienveillant mais jamais condescendant. Difficile donc de ne pas la comparer avec celle des films de Miyazaki, mais dans le bon sens, LE JOUR DES CORNEILLES s’imposant sans conteste comme l’équivalent français des meilleures productions du studio Ghibli.

De Jean-Christophe Dessaint. Avec les voix de Jean Reno, Lorant Deutsch, Isabelle Carré. France. 1h35. Sortie le 24 octobre

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