FRANKENWEENIE : chronique

31-10-2012 - 09:39 - Par

Dix-neuf ans après avoir produit L’ÉTRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK, sept ans après avoir coréalisé LES NOCES FUNÈBRES, Tim Burton revient au stop motion. Verdict ?

Hasard des calendriers, deux animations en stop motion (réalisées image par image) débarquent au cinéma à quelques semaines d’intervalle : L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN, produite par Laika, et FRANKENWEENIE, hébergée chez Disney. Deuxième coïncidence : les deux suivent des gamins particulièrement friands de la culture Hammer, un poil attirés par le côté glauque de la vie et qui vont traverser de grandes aventures fantastico-morbides. Le premier (sorti fin août) était un film d’une grande poésie, lové entre les productions Amblin et le fantastique. Le second, signé Tim Burton et filmé en noir et blanc, est un hommage permanent au cinéma gothique et en oublie souvent de donner de la chair à son histoire. Pourtant, à l’origine, Victor est un chouette sujet : c’est un gamin peu sociable, fasciné par la physique- chimie et satisfait par la seule amitié de son chien. Le jour où Sparky (un Jack Russell ou un Bull-terrier, qui sait ?) passe sous les roues d’une voiture, son jeune maître le ressuscite façon puzzle. Un miracle qui va faire des envieux chez ses petits camarades participant tous au prochain concours de science de l’école. Bestiaire de freaks en tout genre, FRANKENWEENIE est un beau spectacle à regarder, grâce à une direction artistique racée et de multiples clins d’œil et références aux classiques de l’horreur. Pourtant, derrière cette richesse en cinéma, roborative a priori, il y a une vraie carence : tous les enjeux émotionnels sont concentrés sur le lien (profondément émouvant, il faut l’avouer) entre le garçonnet et son fidèle clébard rafistolé. Pour le reste, le film est relativement aride de l’humour cabotin si cher à Burton et on se contente de sourire devant quelques frimousses sculptées à la serpe. Par ailleurs, son rythme est distendu et peine à captiver sur la longueur. Enfin, lorsque le récit nécessite de réelles subtilités d’animation, c’est là où le medium peut pécher. On prend pour exemple une scène où Victor, en danger de mort, fait face à deux parents rigides aux visages inertes, ce qui anéantit instantanément toute tension. Dans ce genre de procédé assez technique, où chaque image nécessite d’être parfaite sous peine d’éjecter le spectateur de l’histoire, le diable est dans les détails. On sort frustré par le manque de cohérence générale d’un film plus obsédé par son look que par la tendresse potentielle de sa géniale histoire d’amitié et de deuil impossible.

De Tim Burton. Avec les voix de Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau. États-Unis. 1h30. Sortie le 31 octobre

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