Le tsunami de 2004 vu par le réalisateur de L’ORPHELINAT : sous la lame de fond, un petit manque de lâcher prise.
Quasiment deux ans après Clint Eastwood avec AU- DELÀ, Juan Antonio Bayona reconstitue, dans THE IMPOSSIBLE, le tsunami qui a ravagé les côtes thaïlandaises à Noël 2004. Les deux ont, curieusement, beaucoup plus en commun que ce point de départ. Notamment en refusant de tout miser sur la catastrophe naturelle, mais en privilégiant ses répercussions et dommages existentiels collatéraux. Même si cette similarité reste troublante, on en restera là pour la comparaison, le film espagnol présentant rapidement un net avantage sur AU-DELÀ : il est plus prenant. Ne serait-ce que par sa phénoménale unité de temps et de lieu. Là où Eastwood se noyait, Bayona immerge le spectateur, en fait un témoin sur le vif des évènements. Il y a d’autant moins de répit que tout se joue sur deux tableaux en parallèle : la survie d’une mère blessée et la quête par un père du reste de sa famille, le tout dans un climat de chaos. Le meilleur de THE IMPOSSIBLE est sa capacité à embrasser cinéma intimiste et excellence technique des meilleurs blockbusters, de combiner aventures collective et personnelle. Sur ce point, Bayona s’impose en inattendu disciple de James Cameron quand il fait coexister, à la manière de TITANIC, scènes dantesques, atmosphère ultra-crédible et préoccupations à dimensions humaines. Ou fait vibrer, dans un contexte spectaculaire, des thèmes personnels (après L’ORPHELINAT, THE IMPOSSIBLE est de nouveau, et avant tout, une histoire de disparition familiale, de crainte de la perte d’êtres proches). Pour autant, en dépit de certaines finesses d’écriture – c’est par touches discrètes qu’on découvre que cette famille est aussi instable que le sol thaïlandais, que les secousses d’une crise de couple les menacent – THE IMPOSSIBLE se laisse inexplicablement déborder par une dernière partie trop improbable, accumulant coups de théâtre, leçons de mièvre philosophie de vie ou cours de catéchisme édifiant (lumière au bout du tunnel incluse). Un penchant pour le prêchi-prêcha qui laisse perplexe. Pas au point d’assécher un incroyable savoir-faire, mais suffisamment pour le rendre un peu mécanique, laisser deviner certaines coutures de fabrication et ainsi atténuer le supplément d’âme qui aurait fait de THE IMPOSSIBLE un immense film. A.M.
De Juan Antonio Bayona. Avec Naomi Watts, Tom Holland, Ewan McGregor. Espagne. 1h47. Sortie le 21 novembre
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