SILENT HILL : RÉVÉLATION 3D : entretien avec le réalisateur Michael J. Bassett

26-11-2012 - 11:05 - Par

La suite de l’excellente adaptation du jeu « Silent Hill » réalisée par Christophe Gans en 2006, sort sur les écrans ce mercredi. L’occasion d’un entretien avec son metteur en scène, le très malin Michael J. Bassett.


Propos recueillis par Henry Arnaud / Photos : Gilles Toucas

Michael J. Bassett et Samuel Hadida

Diriez-vous que SILENT HILL fait partie d’un genre que vous appréciez ?
Si vous êtes un gamer, « Silent Hill » est l’un des meilleurs titres de tous les temps. Je joue depuis toujours, depuis même l’époque où les graphismes et le storytelling des jeux étaient très basiques. Et quand « Silent Hill » est arrivé, il a tout changé en prouvant que les jeux vidéo pouvaient raconter des histoires cinématographiques, pouvaient immerger le joueur. J’étais fan du premier film, dont la postproduction a eu lieu alors que je développais SOLOMON KANE avec Samuel Hadida. Quand je l’ai vu, j’ai beaucoup aimé : Christophe Gans a brillamment capté l’univers visuel du jeu, mieux qui quiconque aurait pu le faire. Quand Samuel m’a parlé d’une suite, je lui ai proposé mon aide, sur la lecture du script. Mais il m’a dit qu’il cherchait déjà comment faire une suite, qu’il cherchait une histoire, qu’il voulait continuer l’histoire de Sharon. Il voulait aussi utiliser « Silent Hill 3 » comme base du film.

Que vous apporte le fait d’être à la fois scénariste et réalisateur ?
J’aime être impliqué dans l’écriture, comme ça je comprends mieux les choix narratifs, je comprends mieux les personnages. C’est vrai que je préfère écrire les choses que je réalise en général. Mais récemment, j’ai réalisé des épisodes de séries télé sans participer à l’écriture (STRIKE BACK et DA VINCI’S DEMONS, ndlr) et cela a été un autre challenge. Sur SILENT HILL, l’écriture était un défi particulier car le film devait être une suite mais aussi une adaptation d’un jeu, et également être un stand alone pouvant être divertissant pour un public qui ne connaîtrait ni le premier film, ni le jeu. Je crois que le film fonctionne sur ces trois niveaux. Si vous êtes un gamer, vous verrez des éléments, des indices, des références et même des personnages que personne d’autre ne remarquera. Si vous aimez le premier film, vous apprécierez la continuité du récit – nous avons notamment fait revenir Sean Bean, et Radha Mitchell fait une apparition. Adelaide Clemens joue Sharon adulte, qui s’appelle désormais Heather.

Pensez-vous avoir plus de poids aujourd’hui à Hollywood et pouvez-vous nous parler de votre relation avec Samuel Hadida ?
C’est intéressant car je n’ai jamais fait de film hollywoodien. En fait, je ne travaille pas à Hollywood, même si les gens ont cette perception de moi. SOLOMON KANE et SILENT HILL sont tous les deux produits par Samuel Hadida. Il a un bureau à Hollywood, mais il est avant tout un producteur européen et un distributeur français. À aucun point de la production nous avons subi d’influence hollywoodienne. À la télé, j’ai fait STRIKE BACK qui est une production anglaise tournée en Afrique du Sud. Quant à DA VINCI’S DEMONS, même si elle est créée par David Goyer, nous avons tourné au Pays de Galles avec des producteurs anglais de la BBC Worldwide et des gens de Starz. Donc en un sens, DA VINCI’S DEMONS est le projet le plus hollywoodien que j’ai fait, alors que ce n’est même pas un projet hollywoodien en fait ! (Rires.) Je crois que j’ai réussi à mener une carrière en dehors du système hollywoodien. Cela dit, j’aime les films qui sont faits là-bas, donc je serais ravi d’en faire ! Mais il faudrait que cela soit pour un projet qui me tient à cœur, dont j’apprécie le script. Car faire un film demande trop d’implication pour perdre son temps sur un projet que l’on n’aime pas à 100%.

Il y a un super-héros dont vous aimeriez vous occuper au cinéma ?
En tant que fan de fantasy, j’adorerais porter la série « Elric » de Michael Moorcock à l’écran. Je l’adorerais étant enfant. Sinon, la série « The Eternal Champion », également de Michael Moorcock. Car il développe un vrai univers de personnages. Sinon, niveau jeux vidéo, j’adorerais adapter « Half Life » ou « Bioshock ».

Vous retourneriez à la franchise SILENT HILL ?
Oui, carrément. Mais si c’était le cas, je crois que j’aimerais partir sur une histoire originale, indépendante des jeux, car c’est un univers très riche. Et je crois comprendre ce monde, donc je pense qu’il serait intéressant d’y infuser une histoire originale.

Selon vous, quelle est la différence entre un bon film de genre et un film si mauvais qu’il en devient un plaisir coupable ?
Je n’en ai aucune idée ! (Rires.) Je crois que personne ne cherche à faire de mauvais films, et que tout le monde essaie toujours de livrer le meilleur de lui-même. Moi le premier. Bien sûr, je sais que certains critiques n’aimeront pas SILENT HILL : RÉVÉLATION 3D. Et j’espère que d’autres l’aimeront. Pareil au sein du public. Je crois que chaque film peut devenir le film préféré de quelqu’un et le plus haï d’un autre. Et c’est ce qui fait le sel de ce processus. Je fais des films que j’aurais envie de voir. C’est mon seul critère. Car je ne cherche pas à savoir ce que le public a envie de voir. Et je crois qu’aujourd’hui, je suis suffisamment entraîné pour que mes longs-métrages soient techniquement et narrativement solides. Mais c’est difficile d’être au bout de la ligne critique. Sur SOLOMON KANE, certains disaient que c’était super, d’autres que c’était nul… Où se situe la réalité ? La vérité ? Il y a bien sûr des plaisirs coupables, du genre OCTOSHARK. (Rires.) J’adore regarder ça car je me demande toujours pourquoi ils sont si mauvais, quels choix ont été faits ? Je me demande aussi ce que j’aurais fait pour que ce soit meilleur et si j’y serais parvenu. J’aime les films de monstres, mais parfois, ils dépassent les bornes pour devenir d’horribles clichés. Quand on pense aux premiers GODZILLA, ce n’était que des mecs dans des costumes, et pourtant c’était brillant. Pourquoi ? Parce que je crois qu’un bon film doit, dans son écriture, résonner et renvoyer à quelque chose de palpable. GODZILLA renvoyait à la paranoïa, à ce que la Seconde Guerre mondiale a fait subir au Japon. Donc si vous trouvez cette résonance, peu importe qu’il y ait un monstre au milieu. Le public a quelque chose à quoi se raccrocher. C’est la différence entre un bon et un mauvais film pour moi : un bon film a quelque chose à dire.

Vous pouvez me parler de DA VINCI’S DEMONS ?
Je crois que ce sera une super série. Elle est produite par David Goyer qui est pour moi l’un des meilleurs auteurs d’œuvres de genre de notre époque. C’est une série à la fois très précise historiquement, mais qui développe le monde de Leonard De Vinci de manière quasi métaphysique. Donc on aura la réalité de la politique florentine et on aura aussi De Vinci cherchant à comprendre le monde et ce que celui-ci cache. J’ai tourné le season finale, qui nécessite beaucoup de SFX. J’ai beaucoup d’espoir pour cette série.

SILENT HILL : RÉVÉLATIONS 3D de Michael J. Bassett. Avec Adelaide Clemens, Kit Harington, Carrie-Anne Moss. France / États-Unis. 1h34. Sortie le 28 novembre.

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