LES CINQ LÉGENDES : chronique

28-11-2012 - 10:34 - Par

DreamWorks touche du doigt l’essence même du conte de Noël. Sublime.

Le Père Noël (doublé par Alec Baldwin), la Fée des dents (Isla Fisher), le Lapin de Pâques (Hugh Jackman) et le Marchand de sable (sans voix) ont du souci à se faire : Le Croquemitaine, Pitch (Jude Law), prépare un coup d’État sur les rêves des enfants. Il sabote leur foi en ces quatre Légendes et ces dernières sont alors exhortées par la Lune à se réunir et combattre. Mais ils devront, avant cela, rallier à leur cause Jack Frost (Chris Pine), un mythe du grand froid auquel les bambins ne croient pas. Qu’a-t-il de si spécial ? En quoi ce jeune garçon aux cheveux de neige, armé d’une canne et d’une gaîté impertinente, peut-il empêcher le monde des bambins de sombrer dans la peur et la noirceur éternelle ? Voici la question fil rouge des CINQ LÉGENDES, animation dont le studio DreamWorks peut être particulièrement fier (comme elle pouvait l’être de son DRAGONS). Nous omettrons volontairement d’évoquer le graphisme ingrat d’une poignée de personnages car le réalisme des humains est rarement le fort du médium. Tout le reste est merveilleux. Son récit est d’une grande complexité malgré sa narration simple, vivace et galopante. Et se refuse à toute facilité : quand il s’agit d’explorer la psychologie de ceux qui se voient privés de leur droit au bonheur, ou dès lors qu’il soulève les effets dévastateurs de la disparition des croyances, LES CINQ LÉGENDES se drape dans une profonde noirceur – et à part la scène d’incinération de TOY STORY 3, on a rarement vu plus terrifiant. Pitch gagne instantanément ses galons de vilain iconique, motivé par une haine insondable, se mouvant dans une grâce perfide (animation impeccable du personnage) et rappelant les grandes figures maléfiques des anciens Disney. Peter Ramsey, ancien storyboarder de David Fincher ou Steven Spielberg, est parvenu – grâce à une imagination folle et une mise en scène solide – à créer une imagerie féérique riche, ambitieuse, puissante. On parlerait volontiers de classique de Noël, de ceux porteurs de valeurs mais jamais prosélytes (LES CINQ LÉGENDES est plus païen que croyant). Quoiqu’on nuancerait volontiers en affirmant qu’il est parfois trop cruel pour les enfants, qui seront probablement traumatisés à l’heure d’aller se coucher (l’équivalent de FREDDY LES GRIFFES DE LA NUIT pour les adultes, si vous préférez). Et l’humour redoutable, qui mâtine intelligemment tout le film, n’y changera probablement rien. En revanche, il parle au mouflet fragile qui sommeille en chacun de nous, comme un conte universel et ensorcelant.

De Peter Ramsey. Avec les voix originales de Chris Pine, Alec Baldwin, Jude Law. États-Unis. 1h37. Sortie le 28 novembre

 

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