L’HOMME AUX POINGS DE FER : Chronique

02-01-2013 - 11:29 - Par

L’ex-leader du Wu-Tang, RZA, se met au cinéma pour un premier film sous forme d’hommage et de mélange des genres.

Il y a fort longtemps, en Chine. Un trésor de pièces d’or est convoité par des clans guerriers ennemis. Le forgeron local (RZA), dont on requiert les talents pour élaborer des armes létales, est le premier témoin du déchaînement de violence qui s’empare du village. Débarquent alors en ces lieux un mystérieux soldat britannique (Russell Crowe) féru des filles de joie du bordel de Mme Blossom (Lucy Liu), et Zen Yi (Rick Yune) venu venger son père, Gold Lion, assassiné par son bras droit Silver Lion (Byron Mann). Pour son baptême de réalisateur, RZA livre un film de fanboy. Aucune insulte là-dedans : bouddhiste, fin connaisseur du cinéma de Hong Kong, le cultissime rappeur du Wu-Tang se lance dans le Wu Xia Pan comme Quentin Tarantino, son mentor ici, s’était jeté tête baissée dans le simili-film d’exploitation. Il s’agit donc d’un hommage et d’un délire d’initié. RZA a intégré tous les codes du cinéma de la Shaw Brothers. Citons- les en vrac : unité relative de lieu, profusion de personnages dont certains ne sont que chair à canon, guerres fratricides, trahisons, femmes fatales, flashbacks cul-cul, combats chorégraphiés aux filins. Et le plus discret des protagonistes qui finit par transcender son statut de manant pour devenir le sauveur du peuple. D’autant plus si on lui coupe un membre. Plane donc au-dessus de L’HOMME AUX POINGS DE FER le fantôme du grand cinéaste Chang Cheh, que ce soit pour les influences prégnantes du SABREUR MANCHOT ou de LA RAGE DU TIGRE. RZA a le respect des traditions mais passe le tout au sas d’une certaine modernité : la bande-son succombe à l’appel du hip-hop, l’image à celui des effets numériques – pas toujours folichons d’ailleurs. Le projet est sous le joug d’autres influences. Celle d’Eli Roth, d’où un certain versage dans le gore (quoique la Shaw Brothers était connue pour son goût du sanguinolent baroque) et celle de Tarantino, d’où un vague vernis de Takashi Miike pour le look excentrique de certains personnages (notamment Bronze Lion, incarné par le spécialiste de l’UFC, Cung Le). Alors évidemment, tout n’est pas réussi, notamment en termes de lisibilité des combats ou, plus généralement, de mise en scène ou de maîtrise du récit. Mais on notera une poignée de phrases cultes (« Ils avaient plus de balles que la Chine n’a de grains de riz »), le rôle démentiel de Russell Crowe et on soulignera aussi que, pour un coup d’essai, on n’est pas si loin que ça du coup de maître.

De RZA. Avec RZA, Russell Crowe, Lucy Liu. États-Unis / Hong-Kong. 1h40. Sortie le 2 janvier

 

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