Chronique télé : LAZY COMPANY

17-01-2013 - 17:19 - Par

Le bouquet OCS lance une nouvelle création originale, qui remet une bonne dose de vitalité dans la série télé française. Car plus c’est con, plus c’est bon.

« Juin 1944. Le débarquement. L’aéroportée américaine parachute ses meilleurs hommes au cœur de la France occupée. Les meilleurs ? Pas seulement… Quatre soldats totalement incompétents atterrissent en pleine campagne normande. Si le monde est en guerre, eux ont bien l’intention de rester en vie, et de croiser des Françaises, aussi, un peu. Maladroits, un peu lâches, attachants, ils sont la lie de toute l’alliance transatlantique. Alors que faire, à part les réunir pour mieux les surveiller ? Ensemble, ils forment l’unité la plus spéciale de toute l’armée américaine. Quatre abrutis qui, sans le faire exprès, vont changer le cours de l’Histoire. Ils sont la LAZY COMPANY. »

Voilà pour le pitch officiel de LAZY COMPANY, nouvelle création originale de 10×26 minutes diffusée par OCS Max. Comme le suggère avec malice son titre, LAZY COMPANY parodie sans se cacher l’immense FRÈRES D’ARMES produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, mini-série HBO qui mettait en scène les exploits de la légendaire Easy Company. Tout comme son modèle, LAZY COMPANY suit donc les aventures d’une bande réduite de soldats parachutés dans la campagne normande avant et après le Débarquement. Le tout pour des missions diverses et variées, contées chacune dans un épisode circonscrit. Une structure en « stand alone episodes » qui peu à peu s’élargit pour dévoiler un tableau plus large. Ici, la Lazy Company aura pour tâche finale de découvrir l’Adlerlager, une base nazie souterraine.

Créée par Samuel Bodin et Alexandre Philip (également interprète d’un des quatre anti-héros de la Lazy), LAZY COMPANY brille avant tout par la qualité de ses références, assumées et claironnées : outre FRÈRES D’ARMES, les auteurs citent sans se cacher INGLOURIOUS BASTERDS et KAAMELOTT – tant pour la relecture de l’Histoire par l’absurde que pour la loufoquerie de son écriture. Ambitieux, Bodin et Philip le sont donc assurément, mais ces référents sont tout sauf des handicaps pour le duo. Au contraire. Car LAZY COMPANY, loin de se contenter de citer des aïeux prestigieux, acquiert sa personnalité dès son épisode pilote. Et ce, par la grâce d’une écriture précise et affûtée, dont émergent des dialogues bluffants de naturel et de modernité – une gageure dans la fiction française –, des situations à l’incongruité souvent hilarante, des running gags malins ou des purs moments parodiques. Le tout mené à un rythme imparable, où les scènes s’articulent en un savant effet boule de neige comique empêchant le récit de s’embourber dans l’ennui.

LAZY COMPANY réussit par ailleurs là où nombre de fictions échouent : faire fi d’un logique manque de moyens en comparaison de ses modèles. Esthétiquement, outre une désaturation de l’image à la SOLDAT RYAN et un superbe générique (quelle musique !), les cadres serrés sont de mise, mettant ainsi souvent hors-champ nombre d’explosions ou décors grandioses. Loin de subir cette limitation, LAZY COMPANY s’en sert pour nourrir la comédie. Mais surtout, la série affiche comme fondation première ses personnages, redoutablement croqués. Les quatre soldats de la Lazy, Jack Niels (Alexandre Philip), Mike Henry (Antoine Lesimple), Lee Chester Jr (Alban Lenoir) et Slice (Benoît Moret), véhiculent tous un stéréotype très marqué – le séducteur bancal, le geek timide, le cuistre frimeur, le loufoque – et, remarquablement interprétés, assurent une identification immédiate du spectateur. Ils sont entourés de personnages secondaires tout aussi délectables, avec une mention spéciale pour Le Patriot (Sylvain Elie), parodie désopilante de Captain America bouffi d’un optimisme insupportable, et la résistante Jeanne (Aurélia Poirier) au débit de mitraillette rendant ses paroles plus qu’obscures. Un soin apporté aux personnages qui permet à LAZY COMPANY de passer haut la main son examen de passage. Après dix épisodes de bon fendage de poire en règle, une seule envie : en reprendre pour une deuxième saison. Croisons les doigts.

LAZY COMPANY. De Samuel Bodin et Alexandre Philip. Avec Alexandre Philip, Antoine Lesimple, Alban Lenoir, Benoît Moret. France. 10x26mn.

Diffusion sur OCS Max le vendredi à 22h05 à partir du 18 janvier

TRAILER :

LES CINQ PREMIÈRES MINUTES DE LA SÉRIE :

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