Retour gagnant d’Arnold Schwarzenegger dans un western piraté par le sud-coréen Kim Jee-woon.
Le leader d’un cartel (Eduardo Noriega) parvient à s’échapper des mains du FBI lors de son transfert dans une zone de haute sécurité. Il se dirige dans le plus puissant bolide du monde vers la frontière mexicaine. Sur son trajet, ne reste qu’une petite ville, au shérif vieillissant (Arnold Schwarzenegger), entouré d’une équipe de bras cassés. Le duel promet d’être sanglant. Et il l’est. Le réalisateur sud-coréen Kim Jee-woon (LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ, J’AI RENCONTRÉ LE DIABLE) n’est pas connu pour faire dans la dentelle. Mais il était légitime de penser qu’il n’aurait pas le luxe, pour son premier film yankee, d’infuser son style dingue et ultraviolent dans un produit calibré pour Arnold Schwarzenegger et son grand retour sur les écrans. Ultra-faux. LE DERNIER REMPART jouit d’une grande distance de son metteur en scène face à son sujet. Mi-moqueur, mi-admiratif, il détourne les clichés américains avec bienveillance, filme son héros avec passion, laisse certains seconds rôles en faire des caisses (Noriega, Peter Stormare et Forest Whitaker en tête) et en croque d’autres avec un humour imparable. Sans compter un préambule brillant qui assoit rapidement le ton décalé de la claque que l’on est en passe de prendre. Le résultat est une quasi-comédie bercée d’ironie, comme l’œuvre d’un sale gosse à qui l’on donne les moyens de tout saloper, défilant à toute vitesse au rythme de répliques cinglantes. Le mieux servi est très probablement Johnny Knoxville et son personnage d’idiot du village belliqueux et courageux, chapeauté peu ou proue de la même coiffe que Song Kang-ho dans LE BON, LA BRUTE ET LE CINGLÉ, collectionnant les armes de guerre et affublant d’un petit nom pittoresque (et féminin) chacun de ses gros engins de mort. Une certaine idée de l’Amérique et sans nul doute, le meilleur comic-relief de ce début d’année. Mais mis de côté ce second degré salvateur et cette énergie dévorante qui insufflent une grosse dose de fun, si LE DERNIER REMPART est un vrai film de Kim Jee-woon, c’est qu’on retrouve, pour notre plus grand plaisir, sa patte plastique. Des mouvements de caméra sublimes, des poursuites poétiques dans les hauts champs de maïs, des hommes qui rampent dans la douleur et la souffrance, de mièvres musiques ambiançant les moments de drame et un combat final mis en scène de manière si théâtrale que les décors ont l’air d’images rétroprojetées. D’une magnifique étrangeté. Attention, tout n’est pas réussi : il y a des fonds verts et des incrustations dégueulasses, des rebondissements dignes d’une série B, des dialogues à 2 dollars. Mais LE DERNIER REMPART est riche de son métissage. C’était la clé pour que le grand retour de Schwarzie, mythe américain par excellence et par hasard, soit des plus remarquables.
De Kim Jee-woon. Avec Arnold Schwarzenegger, Eduardo Noriega, Johnny Knoxville. États-Unis. 1h47. Sortie le 23 janvier.
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