FLIGHT : Chronique

13-02-2013 - 13:47 - Par

Un drame/thriller procédural de haut vol signé Robert Zemeckis. Ou comment un film peut parfois en cacher un autre.

Les flops américains de LA LÉGENDE DE BEOWULF, LE DRÔLE DE NOËL DE SCROOGE et surtout MILO SUR MARS – produit par sa société ImageMovers – ont sévèrement égratigné la position de Robert Zemeckis dans l’establishment hollywoodien. Obligé d’abandonner un temps ses expérimentations technologiques, le pionnier du cinéma « virtuel » semble aujourd’hui devoir se résigner à faire du surplace dans une forme cinématographique plus traditionnelle. Alors FLIGHT, aveu d’échec ou échelon transitoire ? On serait tenté de choisir la seconde option tant les apparences peuvent s’avérer trompeuses : il y a tout d’abord les atours du film de commande entièrement calibré pour sa star Denzel Washington. Le comédien y est Whip Whitaker, pilote de ligne sauvant miraculeusement les miches de son équipage après une avarie technique en plein vol. Le working class hero dans toute sa splendeur, si l’as du manche n’était pas un buveur de compétition, plein comme une huître au moment de l’accident. D’une séquence de crash particulièrement impressionnante par la tension qu’elle génère, FLIGHT laisse alors le spectaculaire de côté pour un cadre intimiste, afin de confronter le personnage principal à son addiction. Là est le véritable cœur du script de John Gatins dont le douloureux passé d’addict assure un traitement chargé de vérité, sans bifurcations sentimentalistes ou effets de manches démonstratifs. Bien avisé de cette facture sobre (qui n’exclut pas quelques pointes trash), Zemeckis use malicieusement de ce récit contemporain pour parachever les thématiques abordées dans une certaine épopée viking numérique. Plus qu’une coïncidence, il s’agit d’une version allégorique de BEOWULF débarrassée de tous ses apparats fantastiques et épiques. Ce qui permet au réalisateur de se concentrer au maximum sur l’humanisme émanant de ce qui sera au final une nouvelle quête rédemptrice et sacrificielle d’un héros mis face à ses vieux démons. Que ceux-ci soient mythologiques ou intérieurs, l’œuvre de Robert Zemeckis prouve qu’elle n’a que faire du flacon pourvu qu’on ressente l’ivresse d’une histoire universelle. Pilotée ici par un conteur d’exception (on parle du gars qui nous a fait chialer avec un ballon de volley dans SEUL AU MONDE), et un casting irréprochable jusque dans ses plus petits seconds rôles (John Goodman en tête).

De Robert Zemeckis. Avec Denzel Washington, Kelly Reilly, John Goodman. États-Unis. 2h18. Sortie le 13 février

 

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