SPRING BREAKERS : Chronique

05-03-2013 - 17:22 - Par

Harmony Korine filme les illusions perdues de la jeunesse américaine et se prend sévèrement les pieds dans le tapis.

Candy, Faith, Brit et Cotty, étudiantes en panne d’argent, braquent un restaurant pour financer leur spring break. Une fois en Floride, alcool, drogue et fêtes aidant, elles finissent au poste et rencontrent Alien (James Franco), rappeur de bas étage et dealer local se rêvant en Scarface… SPRING BREAKERS s’articule en deux parties : un teen movie les boobs à l’air, puis un gangster flick mégalo à base de popopopop. Sachant qu’il venait d’Harmony Korine, scénariste de KIDS et réalisateur des pépites indé bizarroïdes GUMMO ou JULIEN DONKEY-BOY, on était tout prêt à accueillir SPRING BREAKERS les bras ouverts. Surtout que dans les rôles des fêtardes délurées figurent des icônes adolescentes ultra proprettes : la star d’HIGH SCHOOL MUSICAL Vanessa Hudgens, l’ex-miss Bieber Selena Gomez ou la comédienne des séries 7 À LA MAISON et PRETTY LITTLE LIARS, Ashley Benson. De quoi offrir à SPRING BREAKERS des atours décalés et à Korine l’opportunité de pirater tout un pan de l’industrie de l’entertainment. Mais visiblement le cinéaste, pourtant toujours aussi doué avec une caméra, n’a pas grand-chose à dire sur ladite industrie. Du moins peine-t-il à accorder son fond à sa forme. Par moment réactionnaire ou maladroit – pour braquer le resto, les donzelles disent s’inspirer d’un jeu vidéo ou d’un film… –, SPRING BREAKERS laisse entendre que l’Amérique d’aujourd’hui, pourrie par la pop culture et le culte de l’argent, n’est qu’une héritière de Gomorrhe prête à subir le châtiment divin. Et que la jeunesse ne peut qu’être trahie et/ou anéantie par les valeurs dérisoires du rêve américain. Un point de vue respectable et intéressant, phagocyté par le traitement de Korine qui, entre deux plans nichons et rails de coke, semble en réalité fasciné par le salace chaos qu’il filme. Gorgé d’une mélancolie rêveuse plombante, SPRING BREAKERS et ses voix off existentielles factices renvoient donc plus à un épisode de l’émission de MTV THE REAL WORLD qu’à KIDS. Quant au gangster movie, il sombre dans la farce la plus totale dont le second degré tombe à plat : si James Franco crée quelques étincelles comiques, la vacuité prend là aussi le dessus, via des scènes à la limite du ridicule ou du fantasme de petite frappe. SPRING BREAKERS tente d’être un trip psyché et sensoriel cherchant la beauté dans la laideur, il ne débouche que sur un long tunnel d’ennui au propos plus anodin et indécis que marquant.

De Harmony Korine. Avec James Franco, Vanessa Hudgens, Selena Gomez. États-Unis. 1h32. Sortie le 6 mars

 

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