À LA MERVEILLE : Chronique

05-03-2013 - 17:30 - Par

Terrence Malick signe un nouveau poème visuel. Tout aussi expérimental que THE TREE OF LIFE, mais moins marquant.

Aux prémices de sa production, À LA MERVEILLE (TO THE WONDER en VO) s’intitulait THE BURIAL. L’enterrement. Un titre qui en disait bien plus long sur la teneur du nouveau film de Terrence Malick, puisqu’ici, c’est l’amour – sous toutes ses formes – que l’on met en bière. Plus précisément, le cinéaste suit ici la relation complexe de Neil (Ben Affleck) et Marina (Olga Kurylenko), dans laquelle vient s’insinuer Jane (Rachel McAdams). En parallèle, le père Quintana (Javier Bardem), sans remettre sa foi en question, semble avoir de moins en moins prise sur l’amour qu’il porte au Christ… Tout comme les précédents opus de Malick, À LA MERVEILLE, dans son exploration de la condition humaine, élargit son récit à des thèmes plus théologiques et métaphysiques. L’amour est-il le même selon qu’on le destine à une femme ou un homme, à Dieu, à la Nature –ici souvent représentée souillée, blessée, polluée ? Peut-on vivre sans ce sentiment exaltant, et doit-il nécessairement s’accompagner de passion ? Celle-ci est-elle forcément destructrice et/ou éphémère ? Peut-on surmonter les doutes et les difficultés pour ressentir son caractère divin ? Disons-le tout net : ces questions ne sont que des pistes qui devraient varier sensiblement, voire ostensiblement, selon le spectateur, poussé à chercher ses propres réponses. Comme pour THE TREE OF LIFE, Malick adopte un cinéma expérimental et sensoriel, où la narration passe avant tout par l’image et où les mots sont transmis à 99 % par des voix off parfois envahissantes et/ou ostentatoires dans leur intellectualisation de sentiments somme toute assez simples. Pourtant, à bien des égards, À LA MERVEILLE s’avère finalement plus accessible et plus narratif que le précédent opus du réalisateur. Porté par une esthétique malickienne classique – cette impressionnante capacité à filmer la nature dans son plus simple et émouvant appareil – mais aussi par cette liberté formelle sidérante que le cinéaste embrassait déjà dans THE TREE OF LIFE, À LA MERVEILLE fascine avec tact, par sa simplicité et le réalisme de son interprétation. Le film est toutefois sans grande surprise, moins ambitieux et moins marquant que THE TREE OF LIFE. Pas de quoi concurrencer LA BALADE SAUVAGE, LES MOISSONS DU CIEL, LA LIGNE ROUGE et LE NOUVEAU MONDE, donc. Mais de quoi continuer à bâtir la légende d’un cinéaste évoluant en dehors de toute tendance cinématographique. Si ce n’est la sienne.

De Terrence Malick. Avec Olga Kurylenko, Ben Affleck, Javier Bardem. États-Unis. 1h52. Sortie le 6 mars

 

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