40 ANS MODE D’EMPLOI : Chronique

13-03-2013 - 14:17 - Par

Simili spin-off d’EN CLOQUE, MODE D’EMPLOI, le nouveau Judd Apatow est le portrait merveilleux d’un couple en crise.

Le label Apatow ayant été galvaudé à force de productions d’un intérêt tout relatif (les récents PEACE, LOVE ET PLUS SI AFFINITÉS et 5 ANS DE RÉFLEXION par exemple), voir Judd Apatow revenir lui- même derrière la caméra est une heureuse nouvelle. 40 ANS : MODE D’EMPLOI est – comme tous les films estampillés de son nom – trop long ; certaines de ses scènes sont anormalement complaisantes (des dialogues qui s’étirent jusqu’à l’embar- ras) ; le jeu de ses comédiens est très californien (superficiel, blond, exubérant) ; la catégorie socioprofessionnelle dont il prétend parler est très proprette… Mais c’est un moindre mal. Car l’on ne retient que la justesse de son portrait des quadras et la délicatesse des sentiments qui le caractérise. Pete (Paul Rudd) et Debbie (Leslie Mann) fêtent leurs anniversaires la même semaine. Le premier, gérant d’une maison de disques indépendante, plombe les comptes du foyer. Elle, propriétaire d’un magasin prospère, a des problèmes plus spirituels. L’entrée du couple dans la quarantaine ne va pas se faire sans résolutions bancales, règlements de comptes violents et remises en question déterminantes. Chez Apatow, la midlife crisis détourne gentiment les clichés. C’est l’âge où l’on est un peu vieux con, persuadé que tout était mieux avant ; ou alors le moment où l’on devient sans s’en rendre compte un ado attardé et un peu ridicule, refusant de vieillir. On est même parfois les deux. Mais c’est surtout une période cruciale où l’immaturité se heurte aux responsabilités, où l’individu se confronte au bien-être des proches, où l’épanouissement butte contre un sacré paquet de contrariétés. Qu’est-on prêt à sacrifier ? Qui doit-on pardonner ? Comment amorcer la deuxième partie de sa vie ? Judd Apatow n’entend pas donner de réponses, ni de leçons. Il ne raconte même rien de fondamental. Mais il dépeint un couple en crise avec autant de subtilité que d’humour puéril. Il excelle et livre ses meilleures scènes en filmant le fonctionnement intime d’une cellule familiale, en croquant ces petits moments quotidiens qui clochent. Il provoque perpétuellement le sourire, à force de situations truculentes et de personnages improbables. Il se moque, toujours avec respect, des névroses d’un âge mal fichu. Il touche à une grande familiarité, très confortable pour le spectateur. Un vrai plaisir.

De Judd Apatow. Avec Leslie Mann, Paul Rudd, Chris O’Dowd. États-Unis. 2h14. Sortie le 13 mars

 

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