G.I. JOE : CONSPIRATION : Interview du producteur Lorenzo di Bonaventura

30-03-2013 - 11:48 - Par

Ce week-end, peut-être irez-vous voir G.I. JOE : CONSPIRATION ? Pour l’occasion, nous avons discuté avec son producteur Lorenzo di Bonaventura, également derrière les franchises TRANSFORMERS et RED. Le connaisseur des blockbusters.

Propos recueillis par Henry Arnaud / Photo : Gilles Toucas

Vous produisez autant de grosses franchises lucratives comme G.I. JOE ou TRANSFORMERS que de films unitaires et plus originaux comme LE DERNIER REMPART ou DOS AU MUR. Entre ces deux types de films, où sont réellement les vrais risques pour un producteur ?
C’est vrai que ce sont deux cas différents. Laissez-moi vous décrire ce qu’est, pour moi, une très grosse production : vous vous souvenez de l’Homme qui arrêta un char de l’armée sur la place Tian’anmen, en 1989 ? Faites ça avec une superproduction et deux choses peuvent arriver : soit on vous écrase. Soit on vous contourne en passant par le trottoir et cela tue un paquet de gens. En gros, vous n’arrêterez rien du tout. Un blockbuster, ça ne s’arrête pour personne. Alors il faut vous cramponner et essayer de tenir sur ce cheval sauvage. Pour un film plus petit, c’est différent, bien que ce soit aussi dur : il n’y a pas cette fuite en avant permanente, mais vous n’avez jamais assez de moyens à votre goût. Donc le challenge est différent.

Avez-vous été déçu par la réception du premier G.I. JOE ?
Ce qui s’est passé avec le premier G.I. JOE était très… intéressant. Nous avons eu des premières projections tests excellentes, les deuxièmes l’étaient tout autant, les sondages étaient bons. Ça ne voulait pas dire que tout le monde aimait le film, mais nous n’avions pas de problème majeur. Et puis d’un coup, il y en a eu un. C’était très étrange à vivre. Jon (Chu, le réalisateru de la suite, ndlr) a les GI. Joe dans le sang, vraiment. Et comme dans toutes les franchises, vous avez l’avantage, avec un second opus, d’avoir appris des erreurs du premier. Stephen Sommers (réalisateur du premier G.I. JOE, ndlr) avait un bon point de vue, il y avait un vrai sens de l’humour, de l’amusement, c’était un grand huit. Certains ont aimé cet angle, d’autres pas du tout. Je voulais donner à cette suite un peu plus de gravité.

Quelles sont les qualités de Jon Chu ? Pourquoi lui avoir fait confiance alors qu’il n’avait jamais réalisé un film d’action ?
Quand vous rencontrez un réalisateur pour la première fois, il faut vraiment faire attention aux premiers mots qu’il prononce, aux premières idées qu’il vous donne, car il ne changera jamais d’avis. Et je vous parle d’expérience. Les premières phrases de Jon étaient exactement ce que j’espérais entendre. Il voulait donner un aspect plus brutal au film. Nous voulions tous les deux qu’il soit plus frontal. Ça n’empêche pas un peu de folie, mais vous voulez donner au public une base solide.

Un réalisateur peut-il vraiment insuffler son identité à une franchise aussi codifiée que G.I. JOE ?
Ce doit être le cas pour tous les films. Le réalisateur doit injecter quelque chose de personnel. Quelque chose de son ADN. Lorsque l’ADN du metteur en scène colle parfaitement au film que vous êtes en train de faire, alors le résultat est très bon.

Vous êtes producteur de RED 2, comme vous l’étiez du premier épisode. On imagine que c’est vous qui avez embauché Lee Byung-hun dans RED 2, après vos expériences communes sur G.I. JOE ?
Embaucher, c’est un mot trop fort. Disons que j’ai peut-être… poussé un peu. Ce que j’aime chez lui, c’est que c’est une vraie star de cinéma. De plus aujourd’hui, il parle très bien anglais. Il a la grâce, c’est un super acteur. Il est diablement beau. Il est capable d’éclectisme. Voyez son langage corporel, il y a du drame dans sa manière de bouger. De l’humour aussi… Moi, j’aime les movie stars et c’en est une.

Pour vous, est-ce important que des acteurs étrangers viennent nourrir le cinéma hollywoodien ?
Bien sûr. Artistiquement, ça n’apporte que du bon. Ces acteurs amènent avec eux une sensibilité différente, une expérience supplémentaire, ils questionnent nos choix avec leur point de vue. Et financièrement, aussi, c’est une bonne chose. Pour le marché asiatique dans ce cas : en Corée, c’est déjà une star.

Êtes-vous de manière générale un gros consommateur de cinéma ? Et plus particulièrement de cinéma étranger ?
Je regarde énormément de films, oui. Et si je veux être honnête, je dois dire que dans le lot, je regarde quelques films étrangers. Ils me sont moins accessibles. Ces dernières années, deux de mes films préférés – hormis ceux que j’ai produits (Rires.) – sont LE SCAPHANDRE ET LE PAPILLON et INTOUCHABLES. J’ai même voté pour LE SCAPHANDRE aux Oscars, à l’époque.

Pouvez-vous nous dire si Jon Chu rempilerait pour un troisième épisode de G.I. JOE ?
J’ignore s’il veut en faire un autre. J’évite généralement de parler de suite, car ça fait très arrogant. Comme si c’était un acquis que le film cartonne au box-office. Mais je croise les doigts pour qu’il ait du succès. Et j’aimerais en faire un troisième si possible. Et encore meilleur.

En tant que producteur, vous êtes obligé de vous projeter dans un troisième épisode…
Pas vraiment. J’ai vu de nombreux cas où l’on s’est décidé au dernier moment. RED n’a jamais été pensé comme une franchise potentielle, par exemple. Et parlons de TRANSFORMERS : les gens en ont une idée erronée. Nous avons eu vraiment du mal à vendre le projet à l’époque. Les gens n’arrêtaient pas de me dire : ‘Des robots géants ? Hein ? Vraiment ?’ Ils avaient raison. Si vous ne le faites pas bien, ça peut être ridicule. Je comprenais la réticence des gens. Ils avaient peur que ça ressemble au dessin animé des années 80… Paramount et DreamWorks ont finalement été très précautionneux sur les dépenses. Ils ne distribuaient pas les billets à tout bout de champ, comme certains ont l’air de le penser. Après coup, il est facile de dire que nous avions pensé d’avance à une franchise…

G.I. JOE CONSPIRATION, en salles depuis mercredi

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