LES CROODS : chronique

10-04-2013 - 09:58 - Par

Après DRAGONS et LES CINQ LÉGENDES, Dreamworks confirme que la magie de l’animation requiert moins de coups de coude référentiels que toujours plus d’émerveillement.

Réussir à prodiguer l’éblouissement au cinéma en des temps aussi désenchantés relève de la gageure. Et les premières minutes des CROODS ne s’engagent pas vraiment dans cette voie avec la découverte de la famille Crood, néandertaliens (littéralement) bas du front. Façonnés par leur environnement aussi désolé qu’hostile, nos six ancêtres s’apparentent aux derniers individus d’une espèce que la sélection naturelle n’a guère épargnée. Flippé par tout ce qui sort de l’ordinaire, le patriarche Grug veille au grain… au grand désespoir de sa fille aînée Eep qui ne rêve que d’aventure et d’évasion. Elle va être doublement servie : à l’approche d’un cataclysme, elle rencontre Guy, Homo Sapiens beau gosse, capable, entre autres, de faire du feu. Évoluer vite et fuir vers des contrées plus clémentes sont désormais à l’ordre du jour. Sorti de l’imagination de John Cleese en 2005, LES CROODS devait être à l’origine développé conjointement par DreamWorks et Aardman Animations (le studio de Wallace et Gromit). Il est aisé d’imaginer le potentiel riche en absurdité de la première mouture britannique. Il est pourtant primordial d’en faire rapidement le deuil sous peine de passer à côté des trésors que renferme le film de Chris Sanders et Kirk DeMicco. En effet, LES CROODS déploie un savoir-faire tout ce qu’il y a d’américain dans l’accumulation de gags à la fois violents, brutaux, parfois stupides, rappelant le meilleur de Tex Avery et Chuck Jones. Conjugué à un sens du rythme souvent percutant, LES CROODS s’avère être un redoutable roller-coaster sidérant de maîtrise dans ses morceaux de bravoure, amplifiés par une stéréoscopie pleinement justifiée. Visuellement, d’ailleurs, on n’insistera jamais assez pour louer la splendeur de la direction artistique. Dans le segment de la jungle luxuriante peuplée de prédateurs fantaisistes, LES CROODS matérialise un délire animalier proche du surréalisme, rivalisant sans mal avec AVATAR. DreamWorks démontre au besoin ses progrès techniques dans les jeux de lumières, de textures et de couleurs. Ceci étant, l’avancée technologique ne pèse pas lourd sans un attachement pour les personnages. Si les membres annexes de la famille sont fondamentalement des ressorts comiques, la relation conflictuelle qu’entretiennent Grug et Eep finit par toucher, notamment dans la prise de conscience du premier que la force brute n’est pas une fin en soi. C’est là, peut- être, que réside l’atout à diffusion lente des CROODS : celui d’émerveiller avec la transformation métaphorique d’un être primitif en un humain dans l’adversité. On a connu pire leçon de vie.

De Chris Sanders et Kirk DeMicco. Avec les voix de Nicolas Cage, Emma Stone, Ryan Reynolds. États-Unis. 1h31. Sortie le 10 avril

 

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