Cannes 2013 : LE PASSÉ / Critique

17-05-2013 - 23:24 - Par

D’Asghar Farhadi. Sélection officielle, en compétition.


Synopsis (officiel) : Après quatre années de séparation, Ahmad arrive à Paris depuis Téhéran, à la demande de Marie, son épouse française, pour procéder aux formalités de leur divorce. Lors de son bref séjour, Ahmad découvre la relation conflictuelle que Marie entretient avec sa fille, Lucie. Les efforts d’Ahmad pour tenter d’améliorer cette relation lèveront le voile sur un secret du passé.

Avec quatre acteurs principaux, une poignée de lieux (principalement la maison de son héroïne) et une prépondérance du dialogue, Asghar Farhadi fait du PASSÉ un film quasiment parfait (et non du théâtre comme on aurait pu le déduire), entièrement consacré à une étude de personnages et dévoué corps et âme, de manière viscérale, à son histoire. Sans coquetterie, sans actions superflues, sans minauderie. Le temps de quelques jours, il va confronter quatre adultes (une mère, son ex-mari, son nouveau fiancé, et sa fille) à un tournant de leur vie : l’exact moment où s’impose l’impérieux besoin de dire toute la vérité, pour que cette existence gangrénée par les non-dits puisse renaître plus saine. Ahmad (Ali Mosaffa) revient près de Paris pour signer les papiers qui officialiseront son divorce d’avec Marie (Bérénice Béjo), en couple avec Samir (Tahar Rahim) – dont la femme est dans le coma. Ces décompositions et recompositions familiales, Lucie (Pauline Burlet) en a assez et juge que sa mère doit payer pour cette instabilité émotionnelle. Tout se joue sur la justesse des nombreux sentiments contradictoires que ce quatuor nourrit et Farhadi octroie le droit à ses personnages d’être mal aimables, coupables et égoïstes sans jamais les juger, pour refléter la vie sans aucun miroir déformant. Il parvient même à élaborer une arborescence dramatique assez complexe grâce à une écriture d’une simplicité bouleversante, entièrement basée sur l’incommunicabilité entre les gens qui s’aiment. Soit un grand film sur l’art de se parler sans jamais s’écouter, de s’accuser sans jamais prendre ses responsabilités, de chercher des raisons à son malheur sans réellement vouloir les entendre quand on vous les colle sous le nez. De quoi cerner l’importance du jeu de chaque comédien, très inspiré pour se mettre au service de ce grand psychodrame amoureux et d’une chasteté atteignant la quintessence du romantisme classique. S’il fallait mettre un bémol à ce PASSÉ, on dirait simplement qu’à vouloir lorgner vers le thriller, le réalisateur d’UNE SÉPARATION tarabiscote son troisième acte au lieu de faire une confiance totale à la pureté et l’humanité de son récit. Mais qu’importe s’il faut en passer par là pour être le témoin d’un dénouement à vous mettre les larmes aux yeux.

D’Asghar Farhadi. Avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim Ali Mosaffa. France. 2h10. Sortie le 17 mai.

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