Cannes 2013 : GRIGRIS / Critique

22-05-2013 - 19:57 - Par

De Mahamat-Saleh Haroun. Sélection officielle, en compétition.


Pitch (Allociné) : Alors que sa jambe paralysée devrait l’exclure de tout, Grigris, 25 ans, se rêve en danseur. Un défi. Mais son rêve se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il décide de travailler pour des trafiquants d’essence…

C’est toujours dommage lorsqu’un film n’est pas la hauteur de son personnage principal. On parle ici de GRIGRIS, tout petit à côté de Grigris, jeune homme passionné par la danse, plutôt surdoué dans ce domaine, malgré une jambe meurtrie par la poliomyélite. Souleymane Démé, qui l’incarne, a une vraie gueule de cinéma et un puissance physique qui font sûrement de lui l’un des héros les plus impressionnants de cette quinzaine. Si l’idée du film est d’abord venue de l’envie de parler des trafiquants d’essence au Tchad, le projet a trouvé un réel point de départ, un solide ancrage, dès lors que Mahamat-Saleh Haroun a rencontré Souleymane, figure absolument fascinante d’une jeunesse rêvant d’ailleurs. Le film le suit donc à la trace, de ses incursions dans l’illégalité, à l’obligation de trahir pour survivre, en passant par le doux rêve d’aimer une prostituée et l’envie de quitter la violence des villes. « Je n’étais pas intéressé que par le danseur et par les circonstances qui l’ont emmené à faire de la danse : je ne voulais pas en savoir trop sur son passé pour laisser place à la fiction » nous explique Haroun. Et c’est bien là tout le problème, puisque Grigris n’est souvent qu’un prétexte pour tricoter un récit ramifié, sans ligne directrice forte, recyclant maladroitement les codes du film de gangsters. Si la mise en scène et la photo flattent notre œil, l’interprétation est vraiment le point faible de GRIGRIS, d’autant plus lorsqu’il plombe des scènes au simplisme puéril. Bien qu’Haroun ait le mérite de porter un regard moderne sur son pays, et de tenter un récit réaliste et social, l’impression qu’il n’effleure que son sujet reste prégnante. Et on retiendra ces scènes d’une beauté onirique où Grigris, seigneur de la transe, retrouve en dansant toute son intégrité, sa fierté et sa surréaliste intensité.

De Mahamat-Saleh Haroun. Avec Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Guei. France / Tchad. 1h41. Sortie le 28 août

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