Cannes 2013 : HELI / Critique

15-05-2013 - 23:56 - Par

D’Amat Escalante. Sélection officielle, en compétition.


Pitch (officiel) : Au Mexique, la famille d’Estela, une jeune fille de 12 ans, est prise dans un engrenage de violence lorsque celle-ci tombe amoureuse d’un jeune policier impliqué dans un détournement de drogue.

Après avoir présenté SANGRE et LOS BASTARDOS à Un Certain Regard – en 2005 et 2008 respectivement – le cinéaste américano-mexicain Amat Escalante monte en grade et se retrouve cette année sélectionné en compétition avec son troisième long-métrage HELI. Ce qui tombe plutôt bien puisque celui-ci s’avère sans conteste le plus abouti de sa jeune carrière. Escalante ne conte ici rien de bien original, ni même de très fondamental. On serait même tentés de dire que cette vision sombre et violente d’un Mexique gangréné par les conséquences du narcotrafic hante le cinéma de son pays depuis quelques années déjà et que le réalisateur n’apporte pas grand-chose au sujet. Là encore, cela tombe plutôt bien : HELI ne s’envisage jamais comme une œuvre théorique cherchant à intellectualiser outre-mesure son sujet, que ce soit d’un point de vue politique ou social. Escalante filme un état de fait, signe une chronique de vie dans ce qu’elle a de plus brute et froide, projette le spectateur dans un environnement, pour l’en ressortir quand bon lui semble, sans chercher à offrir à HELI une narration calibrée où enjeux, élément déclencheur et climax seraient clairement établis, annoncés, construits. Ce storytelling dénotant des codes occidentaux, Escalante en tire partie pour dresser le portrait d’un jeune homme, Heli qui, en faisant face au cauchemar de la mort, de la torture, de la corruption, va embrasser une certaine colère intérieure et par là même, va trouver une certaine paix personnelle, voire reconstruire son existence et son foyer. Un parcours de vie que le cinéaste ne souligne pas, hormis lors des dernières minutes, étranges bouffées de vie gorgées de lumière et d’apaisement. Ne pas croire pour autant que la vie est totalement exclue d’HELI en dehors de ces dernières minutes : il observe ainsi avec une grande ironie – tantôt cruelle, le plus souvent désopilante – l’incompétence des autorités, l’infiltration de la culture américaine dans celle mexicaine ou tout simplement la naïveté de certains personnages. Quelques sursauts de légèreté dans un film où surgit parfois la violence la plus crue et la plus injustifiée. Escalante la regarde avec une distance clinique qui lui donne une force d’autant plus percutante : une intelligence de mise en scène qui se retrouve durant tout le film, dont la perfection plastique – composition des cadres, idées de découpage ou de montage, photographie – est sans aucun doute l’un des points forts les plus indéniables.

D’Amat Escalante. Avec Armando Espitia, Andrea Vergara, Linda Gonzalez. Mexique. 1h45. Prochainement

Source vidéo : The Playlist

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