Cannes 2013 : DEATH MARCH / Critique

20-05-2013 - 20:57 - Par

D’Adolfo Alix Jr. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis : 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale fait rage. Sur le front pacifique, aux Philippines, les forces alliées sont vaincues par celles japonaises à la bataille de Bataan. L’armée nippone escorte alors des dizaines de milliers de prisonniers philippins et américains vers le camp d’internement d’O’Donnell. En raison de la faim et de l’épuisement, des milliers de soldats vont mourir en chemin.

Vu d’Europe, le cinéma philippin contemporain a tendance, malheureusement, à se limiter aux films de Brillante Mendoza. DEATH MARCH offre donc l’opportunité de découvrir un univers radicalement différent, celui du jeune Adolfo Alix Jr. Loin des ambiances ultra réalistes de Mendoza, Alix opte pour une esthétique irréelle volontairement lo-fi mais chiadée, digne d’un Gondry (background en forme de peinture naïve, éléments de décors en bois, carton ou plastique…), à laquelle s’oppose la splendide sophistication du noir et blanc. Le tout confiné à un minuscule plateau. Soit tout le contraire de ce que l’on pourrait imaginer d’un film de guerre retraçant un événement tragique : comment des dizaines de milliers de soldats philippins et américains furent escortés par l’armée japonaise vers un camp d’internement après la bataille de Baatan. Une « marche de la mort » qui fit des milliers de victimes – tant en raison de la faim, de la soif, de l’épuisement que des exactions des soldats nippons. « On revient de l’enfer et on marche vers l’enfer », dit l’un des forçats de DEATH MARCH, et ce chemin de croix, Adolfo Alix Jr en fait une expérience souvent déstabilisante sur laquelle on peine à avoir prise. Scènes muettes et picturales, filmées au ralenti, bercées d’une musique à l’étrangeté effrayante, longs dialogues philosophiques en plans séquences fixes, discussions désespérées entre survivants et fantômes : tout concourt ici à une certaine perte de repère, tant la narration s’avère foutraque. Les tableaux se succèdent, inégaux, certains ne suscitant qu’ennui gêné, d’autres gorgés d’un pouvoir de fascination indéniable. DEATH MARCH, s’il ne convainc donc pas franchement, parvient tout de même, en floutant la frontière entre rêve et réalité, à regarder l’horreur en face sans jamais la filmer réellement.

D’Adolfo Alix Jr. Avec Sam Milby, Zanjoe Marudo, Carlo Aquino. Philippines. 1h45. Prochainement

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