Cannes 2013 : GRAND CENTRAL / Critique

21-05-2013 - 19:04 - Par

De Rebecca Zlotowski. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis (officiel) : Gary est jeune, agile, il apprend vite. Il fait partie de ceux à qui on n’a jamais rien promis. De petits boulots en petits boulots, il est embauché dans une centrale nucléaire. Là, au plus près des réacteurs, où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait: de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary. Chaque jour devient une menace.

Dans GRAND CENTRAL, Tahar Rahim lève les yeux vers une petite lumière où s’agglutinent les insectes attirés, fascinés et une petite vie s’élabore autour de ce centre d’énergie peu naturelle. Cette image, à elle seule, résume le film de Rebecca Zlotowski. La réalisatrice de BELLE ÉPINE, que l’on sait, depuis, capable de mettre en scène les histoires d’amour dans des milieux inattendus – à l’époque, les circuits de grosses cylindrés – s’aventure cette fois autour d’une centrale nucléaire. Pour Gary (Rahim), elle est une chance, celle du désespoir de celui qui cherche un emploi. C’est à cause d’elle qu’il va rejoindre cette étrange communauté qui vit à proximité de cette immense construction de béton, cracheuse de fumée, omniprésente dans le paysage. Il y a presqu’un côté science-fictionnel dans ce long-métrage, tant cette centrale semble absorber les vies des gens et créer une société qui tournerait entièrement autour d’elle. A l’intérieur, les règles sont strictes et très organisées. Les entrées et les sorties sont ritualisées et le danger, constant. En permanence, les employés sont mis en garde contre les risques de prendre « une dose », une forte concentration de radiation. Et aller en décontamination, c’est un peu mourir, même socialement. Tout le monde se surveille, le collectif prime sur l’individu et l’endroit est parsemé d’étranges mots d’avertissement comme « Ne soyez pas curieux » : on se croirait en plein « 1984 ». Même à l’extérieur, la Centrale contamine les comportements et les relations. D’ailleurs celle qui naît entre Gary et Karole (Léa Seydoux) a tout de la réaction nucléaire tant elle est fusionnelle et Gary qui craignait tant l’amour est alors victime d’une bonne dose de sentiments, au point d’en souffrir. Zlotowski parvient, avec subtilité, à laisser filtrer l’influence d’un objet inerte sur le vivant, de l’invisible sur le visible. Si l’histoire d’amour n’est pas particulièrement originale, l’environnement dans lequel elle évolue est, lui, aussi fascinant que perturbant avec cette entité nucléaire qui a tout du monolithe de 2001, L’ODYSSÉE DE L’ESPACE. Après avoir été révélée par la Semaine de la critique (décidément, une formidable sélection pour découvrir de jeunes talents) avec son premier film, Rebecca Zlotowski a bien mérité son passage à Un Certain regard. Prochaine étape, une romance chez les dockers en compétition officielle ?

De Rebecca Zlotowski. Avec Tahar Rahim, Léa Seydoux, Olivier Gourmet. France. 1h35. Sortie le 28 août

Source vidéo : The Playlist

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