Cannes 2013 : OMAR / Critique

20-05-2013 - 20:19 - Par

De Hany Abu-Assad. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis (The Match Factory) : Pour retrouver son amoureuse Nadia, Omar franchit le mur de séparation, malgré les balles. C’est un garçon réfléchi et un boulanger scrupuleux. De l’autre côté, il est devenu un combat de la résistance, qui doit apprendre, à force de choix, à devenir un homme. En Cisjordanie, il n’y a ni romance facile ni de guerre manichéenne. Les circonstances définissent qui est l’ennemi. Des amis sont capturés, torturés. On leur donne le choix entre survivre et honorer leur loyauté. La suspicion et la trahison empêchent toute confiance. Les humiliations entachent l’honneur. Comme les personnages, les traditions n’ont plus de patrie. Omar et Tarek (le frère de Nadia) combattent pour des libertés différentes – l’un pour la sienne, l’autre pour celle de son peuple.

« On ne devient pas résistant juste en observant », lance un des personnages d’OMAR, avant que l’un de ses camarades n’abatte un soldat israélien. En s’intéressant aux conséquences de l’engagement, Hany Abu-Assad livre une peinture tragique de la Cisjordanie et de toute une jeunesse qui tente de se libérer mais qui, se faisant, pave son chemin d’obstacles impossibles à surmonter. Cette atmosphère que l’on pourrait croire dépourvue d’espoir, Abu-Assad la capte parfaitement en baignant OMAR dans un sentiment d’urgence étouffant, tant via un récit à la tension dramatique sans cesse renouvelée, que par une réalisation efficace et fonctionnelle. Ici, la moindre scène du quotidien peut très rapidement déraper en drame, en fusillade, en course poursuite… Cette possibilité de basculement à tout instant, de mort à chaque coin de rue, loin de donner à OMAR des atours mortifères, lui permet au contraire de s’accrocher à chaque étincelle de vie. L’écriture se révèle affûtée, la psychologie des personnages fouillée et du récit émergent de merveilleux moments d’amitié, d’amour, de lien social. Des percées de lumière qui, forcément, sont mises à mal. Car à cause de l’occupation et de la résistance qu’elle engendre, tout se délite. Plus aucune amitié n’est possible. Chaque histoire d’amour sombre dans le doute. La paranoïa est partout, l’honneur bafoué – à moins que ses frontières soient plus floues et mouvantes qu’imaginé. Seules la suspicion, l’injustice, la trahison et la violence restent, elles, immuables. Un cercle qui s’entretient presque tout seul, au corps défendant de jeunes hommes et femmes qui, pourtant, essaient de vivre normalement, sans en avoir la possibilité. Un état de fait qu’OMAR transmet avec une vibrante sincérité, sans leçon de morale. Sans solution, non plus. La tragédie qui anime l’histoire, source d’une impuissance rageante, n’en est ainsi que plus forte.

De Hany Abu-Assad. Avec Adam Bakri, 
Samer Bishara,
 Ehab Hourani. Palestine. 1h37. Sortie le 9 octobre

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