Cannes 2013 : LA JAULA DE ORO / Critique

23-05-2013 - 17:45 - Par

De Diego Quemada-Diez. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis (Machete Producciones) : L’histoire de deux adolescents qui traversent un pays cruel, à la recherche d’une vie meilleure derrière la frontière mexicaine.

Les jeunes gens de LA JAULA DE ORO, Juan, Samuel, Sara et Chauk, ont des rêves américains plein la tête. Et pour les concrétiser, les voilà partis du Guatemala vers la frontière nord du Mexique. Ils vont dévorer avec envie les kilomètres, pourvu que le sort ne les sépare pas. LA JAULA DE ORO est donc un road movie, où les cœurs se gorgent d’espoir au fil de la route mais où une grande désillusion va frapper de plein fouet nos petits intrépides. Nos ados vont l’apprendre à leur dépens : l’amour, l’amitié et la solidarité ne sont pas grand-chose face à la cruauté du périple et aux gangs armés. Tout a un prix : celui d’échapper à la criminalité et à la pauvreté qui pourrissent l’Amérique du Sud est simplement très cher puisqu’il signe la mort de l’insouciance. À des tranches de vie adolescente (où l’on se bat pour le baiser d’une fille, où l’on se mate un peu sous la douche, où l’on apprivoise le langage d’autrui…) succèdent d’intenses scènes de cauchemar où l’on doit faire le deuil de ses compagnons de route, qui disparaissent pour le spectateur de manière aussi abrupte et violente que pour les personnages. Déroutant par son mélange d’allégresse et de profonde tristesse, LA JAULA DE ORO est le premier film de Diego Quemada-Diez, longtemps technicien pour Hollywood (il a travaillé avec Tony Scott ou encore Oliver Stone) et chef opérateur depuis une dizaine d’années. Il est très bien parti pour remporter la Caméra d’Or, couronnant les coups d’essais, car sa maîtrise narrative et formelle force le respect. C’est une œuvre dont la rage profonde est canalisée avec force rigueur, sans concession, aussi brute et étourdissante qu’un coup de poing au visage. Une gifle à la gestion américaine lapidaire des migrants latinos aussi violente que le portrait terrible qu’il fait des passeurs ou des trafiquants mexicains. À peine dira-t-on que son épilogue cède à une passion rendant peu honneur à la finesse générale de ce film très retenu. Mais on chipote.

De Diego Quemada-Diez. Avec Ramón Medína, Rodolfo Dominguez, Brandon López. Mexique. 1h50. Prochainement

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