De Johnnie To. Sélection officielle, hors compétition, séance de minuit.
Synopsis : En retraite forcée suite à un accident en service qui l’a rendu aveugle, un ancien inspecteur arrondit ses fins de mois difficiles en bouclant des affaires non élucidées pour la police. Une femme flic l’aborde alors pour qu’ils enquêtent ensemble sur une affaire personnelle.
On s’attendait à un polar bien rude, au héros flamboyant ? Halte là. Johnnie To est à Cannes pour proposer une comédie. Même pas noire, ou violente. Une comédie à forte teneur romantique, aux accents bouffons. Pourquoi pas… tant que c’est un bon film ? Non plus, non. L’envie de claquer son strapontin fut tenace, mais l’espoir que le film change de bord en cours de route, et offre à voir quelques fulgurances, encore plus. Mais non, toujours pas, non. Cette histoire d’un détective privé engagé par une fliquette sur une affaire de disparition n’est déjà pas foncièrement passionnante, Johnnie To profite en plus de la gaudriole ambiante pour faire passer toute subtilité scénaristique à la trappe. Parce que son héros (porté par le sex symbol Andy Lau) est un fin limier aux sens hypertrophiés, sauf la vue, qu’il a perdue. À la manière d’un MENTALIST, il vous résout une affaire à la seule force de son sixième sens. Pas besoin de se creuser la tête pour boucler l’intrigue. Et comme le duo qu’il forme avec sa petite collègue fonctionne sur une dynamique similaire à celle de la série cornichonne CASTLE, il y a un moment où l’on se demande si l’on ne s’est pas trompé de crèmerie. La demoiselle est donc amoureuse du détective, le détective garde la relation chaste et bon enfant, le tout donne lieu à des scènes au romantisme croquignolet. Mais c’est vraiment trop mignon quand un aveugle se prend un mur (Rires.) avant d’aller faire pipi (Rires.) en face de madame prenant son bain. Elle est toute nue, mais il ne voit rien (Rires.) Ils sont gênés et nous, avec. Il n’y a rien de pire que de ne pas esquisser l’ombre d’un sourire à des situations qui multiplient les gags bien grossiers pour s’assurer d’avoir le public avec lui. Johnnie To a pourtant bien tenté de nous lobotomiser : volume sonore à fond, blagues pouêt-pouêt, dialogues hystériques répétés ad nauseam, humour slapstick… De peur de la rupture d’anévrisme, on a même fermé les yeux par pur réflexe de protection, quand d’autres (nombreux) ont préféré quitter la salle. On a bien fait de rester car à la fin de BLIND DETECTIVE, on a détecté une vague incursion dans un cinéma plus adulte et plus rugueux… qui n’a pas duré longtemps. Tout ça pour dire que les exégètes de la filmographie de Johnnie To ne seront pas surpris, vu que le réalisateur signe souvent ce genre d’incartades. Ceux qui s’attendaient à un bon film peuvent s’épargner la souffrance.
De Johnnie To. Avec Andy Lau, Sammi Cheng. Hong Kong. 2h09. Prochainement
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