Cannes 2013 : SEDUCED AND ABANDONED / Critique

22-05-2013 - 23:12 - Par

De James Toback. Sélection officielle, hors compétition, séance spéciale.

Synopsis : Le réalisateur James Toback et le comédien Alec Baldwin tentent de trouver des fonds pour financer un hypothétique projet ensemble. Une aventure qu’ils filment au jour le jour. Un documentaire pour livrer un état des lieux de l’industrie du cinéma et conter comment un réalisateur doit user de tout son charme pour séduire les financiers. Tourné en partie à Cannes l’an dernier, SEDUCED AND ABANDONED est décrit comme « picaresque » par James Toback. Avec notamment des témoignages de Martin Scorsese et Roman Polanski.

Cannes, ses films, ses soirées, ses stars… et son marché. Le festival, est, bien sûr, comme le terme l’indique une fête, mais c’est aussi un immense lieu d’échanges et de rencontres basés sur le business. C’est ce que tend à nous montrer le film de James Toback, réalisateur déchu depuis son WHEN WILL I BE LOVED, un drame sexuel sorti aux Etats-Unis – mais jamais en France – en 2004. En mode gonzo, accompagné de son ami Alec Baldwin, lui-même acteur de cinéma un peu laissé de côté redevenu culte grâce à la série 30 ROCK, Toback filme l’envers du festival à l’occasion du 65e opus de cet événement du cinéma mondial. Dans ce long-métrage, le cinéaste cite Orson Welles, qui affirme passer 95% de son temps à financer des films et 5% à les réaliser, et tend, plus ou moins par l’absurde, à nous prouver la véracité de cette citation. L’idée de départ ? Faire financer un film, qu’il raconte, succinctement, comme un remake du DERNIER TANGO A PARIS avec en co-stars : Baldwin, donc, et Neve Campbell, qui n’a rien fait de notable depuis la série des SCREAM. L’occasion pour le spectateur de découvrir la façon dont un film est mis sur pied, le jeu de séduction et d’hypocrisie que cela nécessite et de mesurer la froide et bassement concrète réalité du marché du rêve. Ainsi rencontre-t-il des financiers mais également des acteurs et des réalisateurs. En plus de nous montrer les rouages complexes et déplaisants d’un système basé sur la « hype », le réalisateur fait un portrait des artisans du milieu. Il met alors dos à dos, de façon un peu manipulatrice, des producteurs comme Avi Lerner, qui ne pense qu’en terme de profits, et, par exemple, Thierry Frémaux, qui réfléchit en terme d’art, ou encore, nous montre des acteurs et actrices, à différentes étapes de leurs carrière, confrontant ainsi leur image à celles que le marché et le public ont d’eux. Particulièrement drôle, car traité avec beaucoup de distance, SEDUCED & ABANDONED parle de l’industrie du cinéma comme d’une maîtresse cruelle qui ne pardonne pas l’échec et qui se repait de la bonne volonté, parfois vaine, de quelques braves. Une mise en abîme plutôt intelligente et amusante pour ce 66e festival de Cannes.

De James Toback. Documentaire. 1h35. Etats-Unis. Prochainement.

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.