Cannes 2013 : MUHAMMAD ALI’S GREATEST FIGHT / Critique

22-05-2013 - 17:03 - Par

De Stephen Frears. Sélection officielle, hors compétition, séance spéciale.

Synopsis : Légende de la boxe et héros de la lutte pour les droits civiques, Mohamed Ali apprend en 1966 qu’il est désormais éligible à la conscription pouvant le mener à servir au Vietnam. L’Armée américaine a en effet revu son statut qui, en 1964, l’avait déclaré inapte au service en raison de ses prétendues lacunes en lecture et en écriture. À la lumière de ce changement, Ali déclare toutefois qu’il refusera d’aller se battre au Vietnam. Une prise de position due à ses convictions religieuses et au fait qu’il refuse de porter l’uniforme pour un pays qui traite les Afro-américains comme « des chiens » et leur « nie tout droit humain ». Une bataille juridique oppose alors Ali au gouvernement américain. En 1967, Ali est condamné par la justice américaine, privé de sa licence de boxe et dépourvu de son titre. Une décision confirmée en appel et qui poussa alors le boxeur à mener son combat jusqu’à la Cour Suprême.

Stephen Frears a longtemps entretenu une relation privilégiée avec le petit écran puisqu’il y a fait ses armes pendant toutes les années 70 et au début des années 80. Mais sa carrière cinéma ne l’a jamais empêché de revenir à la télé, parfois avec un brio égalant (voire surpassant) celui de certains de ses films. On en veut pour preuve LE DEAL, sans conteste l’une de ses œuvres les plus marquantes de ces dix dernières années. Le voir collaborer avec HBO pour un téléfilm sur Mohamed Ali ne pouvait donc que nous réjouir a priori. Surtout avec un tel sujet – la Cour Suprême doit décider si Ali doit être emprisonné pour avoir refusé de servir au Vietnam ou si son statut d’objecteur de conscience est valide. Là où on espérait assister à un film vibrant sur les conséquences sociales, politiques et historiques d’une décision de justice, on assiste à un téléfilm manquant cruellement d’ambition et d’ampleur. De sa mise en scène bassement fonctionnelle et passe-partout à son score sautillant comme un épisode de série juridique lambda, en passant par des dialogues trop didactiques ou triviaux, MUHAMMAD ALI’S GREATEST FIGHT ne parvient jamais à se hisser à la hauteur de son sujet. D’autant qu’il le contourne pendant une bonne moitié du récit durant laquelle le scénario s’intéresse davantage à la vie des juges et de leurs clercs, et ce afin de donner un visage humain à la décision qu’ils doivent prendre. Une tentative d’humanisation ratée – au contraire de LINCOLN de Spielberg, par exemple – dans laquelle de grands acteurs (dont Christopher Plummer et Frank Langella) se débattent avec des personnages croqués sans réelle profondeur. Heureusement, lorsque MUHAMMAD ALI’S GREATEST FIGHT se focalise enfin sur le dilemme qui anime la Cour Suprême, le téléfilm se fait plus enlevé. Et, même s’il se rêve en vain en néo DOUZE HOMMES EN COLÈRE, parvient à susciter un regain d’intérêt. Ayant choisi de ne faire apparaître Mohamed Ali qu’en images d’archives – un parti-pris intéressant sur le papier – MUHAMMAD ALI’S GREATEST FIGHT ne dépasse toutefois jamais les allures d’un docu fiction de luxe qui passe très à côté d’un sujet en or.

De Stephen Frears. Avec Benjamin Walker, Christopher Plummer, Frank Langella, Danny Glover. Etats-Unis. 1h37. Prochainement.

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