Cannes 2013 : LES AMANTS DU TEXAS / Critique

19-05-2013 - 10:08 - Par

De David Lowery. Semaine de la critique, séance spéciale.

Synopsis (officiel) : Bob et Ruth s’aiment, envers et contre tout. Et surtout contre la loi. Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant. Mais quand il y parvient, quatre ans plus tard, le rêve correspond mal à la réalité. En fuite, poursuivi par la police et par les membres d’un gang, Bob peine à rétablir le lien avec sa famille. Ruth est devenue mère et elle ne veut pas d’une vie de cavale : courtisée par un policier attentionné, la jeune femme devra choisir entre le passé et l’avenir.

Difficile de se faire une place dans le genre codifié du film de gangster. David Lowery choisit d’autant moins la facilité qu’il pose son regard sur un couple de hors-la-loi, ouvrant irrémédiablement la voie à des comparaisons écrasantes – de BONNIE & CLYDE d’Arthur Penn à LA BALADE SAUVAGE de Terrence Malick. Pas étonnant donc, qu’au sortir de la présentation des AMANTS DU TEXAS à Sundance, certains aient comparé Lowery à l’auteur de THE TREE OF LIFE. Une analogie qui, si elle s’avère poussive, n’en demeure pas moins inévitable, tant LES AMANTS DU TEXAS emprunte à Malick : sa fascination pour la nature, son goût pour la voix off – ici dans un style épistolaire mais pas moins spirituel – ou pour les atmosphères élégiaques gorgées de lumière. David Lowery embrasse ainsi ce qui est devenu depuis les 70’s un certain classicisme, mais ne singe pas pour autant ses modèles en un vain exercice stylistique. Avant tout, LES AMANTS DU TEXAS propose une expérience sensorielle à la forte identité, véhiculée par une brutale entrée en matière et une exploration minutieuse des personnages, dont les personnalités se révèlent surtout dans les non-dits. Ainsi, Lowery évite de leur coller des étiquettes qu’il lui serait ensuite impossible de contourner, refuse de s’imposer en démiurge manipulant ses héros et préfère les laisser se dévoiler au fil d’un récit patient. À ce titre, le rôle du policier incarné avec grande subtilité par Ben Foster s’érige en pierre angulaire d’un film allant à rebours des images d’Epinal, où chacun des protagonistes évolue en fonction de choix existentiels parfaitement définis et d’émotions d’autant plus touchantes qu’elles apparaissent d’un grand réalisme. Dommage que Lowery surligne parfois inutilement son propos – notamment dans le dernier quart d’heure – ou que sa malice, par moment trop clairement assénée, se retourne contre lui. LES AMANTS DU TEXAS parvient néanmoins à faire oublier ses défauts grâce à son sincère romantisme, à son dynamique storytelling à ellipses et à ses prestations incarnées.

De David Lowery. Avec Casey Affleck, Rooney Mara, Ben Foster. États-Unis. 1h45. Prochainement.

Sources photos : Diaphana / The Playlist

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.