THE BLING RING : chronique

12-06-2013 - 10:12 - Par

Ironique mais empathique, une convaincante chronique de l’adolescence perdue par la papesse du genre, Sofia Coppola.

Si Sofia Coppola avait infusé nombre des thèmes de son évanescent VIRGIN SUICIDES dans ses projets suivants – le trouble sexuel et amoureux, la mélancolie de l’ennui, la difficulté de trouver sa place dans un environnement de paraître… –, la cinéaste avait délaissé l’adolescence comme figure centrale de son cinéma. Jusqu’à ce qu’elle se saisisse avec THE BLING RING d’un fait-divers réel : comment une bande de teenagers obsédés par la culture de la célébrité surnommés The Bling Ring par les médias ont, entre 2008 et 2009, cambriolé des vedettes pour un butin de plusieurs millions de dollars. Dès la séquence d’ouverture, un clip outrancier d’une puissance imparable, Coppola expose brillamment tous les enjeux du film et en livre aussi bien les clés que son dénouement. Une entrée en matière qui saisit le spectateur autant qu’elle désamorce tout suspense, et permet ensuite à la cinéaste de s’attarder davantage sur la psychologie de ses personnages. De ce point de vue, elle les cerne tous avec acuité : qu’ils cherchent l’acceptation d’un groupe, l’adoration d’autrui, le confort matériel ou l’adrénaline, chacun est ici mû par des motivations palpables que Coppola explore tantôt avec ironie, tantôt avec férocité, toujours avec empathie. Elle décode ainsi un monde où une gamine de 17 ans n’éveille aucun soupçon au volant d’une Porsche, où les parents s’avèrent soit absents, soit largués ou perchés, où la jeunesse se choisit des modèles – les people – sans se référer à la moindre valeur morale ou d’accomplissement. Une peinture qui se révèle par moments bien trop didactique ou appuyée, surtout lorsque Coppola préfère se reposer sur sa source d’inspiration – un article de Vanity Fair, qu’elle convoque en mettant en scène une journaliste interviewant le Ring – plutôt que de pousser plus avant sa propre analyse. Cette distanciation ne transforme pas THE BLING RING en exposé pontifiant pour autant. Sa précision esthétique – la photographie du regretté Harris Savides joue avec la pureté anormalement immaculée du numérique pour servir le propos –, les prestations des acteurs, l’art du décalage, les flottements d’un storytelling redondant – qui en dit long sur les personnages – bâtissent un film souvent emballant et surtout dénué de tout cynisme. THE BLING RING ne sombre ainsi ni dans la dénonciation stérile, ni dans la fascination putassière. Pas le moindre des tours de force.

De Sofia Coppola. Avec Emma Watson, Katie Chang, Israel Broussard. États-Unis. 1h30. Sortie le 12 juin

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