FRANCES HA : chronique

03-07-2013 - 09:11 - Par

Le réalisateur de GREENBERG sublime Greta Gerwig et le passage à l’âge adulte avec entrain, humour et mélancolie.

Collaborateur régulier de Wes Anderson – il a coécrit LA VIE AQUATIQUE et FANTASTIC MR FOX –, Noah Baumbach s’est fait connaître derrière la caméra avec des drames intimistes et sarcastiques comme LES BERKMAN SE SÉPARENT ou GREENBERG. Avec FRANCES HA, si l’on reconnaît sa patte lo-fi et sa précision chirurgicale dans l’analyse psychologique de ses personnages, il revient à une urgence plus proche de ses deux premiers films – KICKING & SCREAMING et HIGHBALL – dans lesquels il explorait les affres de la jeunesse ou de l’amour. Un parti pris d’autant plus payant que FRANCES HA se penche cette fois sur une génération dont le cinéaste, âgé de 43 ans, ne fait pas partie. Un recul bienvenu sur cette délicate période qu’est le début de l’âge adulte et qui assure au film un vrai mordant. Ici, il suit Frances, 26 ans, danseuse new-yorkaise en galère et wannabe chorégraphe qui refuse inconsciemment toute forme d’engagement pour préférer une existence dénuée de toute responsabilité. Mais autour d’elle, ses amis, dont sa grande copine Sophie (excellente Mickey Sumner), abandonnent peu à peu leurs années d’adulescence. Frances, ou un rôle en or que Baumbach confie à Greta Gerwig (également coscénariste du film), comédienne qu’il avait révélée dans GREENBERG : son charisme et son charme, qu’elle met au service d’une fille fofolle, déconnectée (et parfois irritante), permettent à FRANCES HA de livrer un portrait réaliste d’une certaine jeunesse, qui aime autant GREMLINS qu’Arnaud Desplechin, Saturday Night Live que la danse contemporaine et, bien qu’elle ait le monde au creux de ses mains, peine à s’en saisir. Une génération foutraque, qui danse dans les rues sur du David Bowie, rêve d’un grand avenir tout en se contentant de la beauté d’une existence simple. Ces énergies contradictoires, Baumbach les filme avec un élan communicatif, usant à merveille d’une esthétique très Nouvelle Vague (caméra portée, noir et blanc, montage elliptique), d’un humour potache et/ou profond, de dialogues d’une rare précision et d’une mélancolie doucereuse. Certes, FRANCES HA connaît quelques baisses de rythme. Il flirte aussi parfois avec le chic hipster, mais ses saillies ironiques l’empêchent d’y sombrer totalement. Surtout que le film déborde d’une telle tendresse pour ses personnages et d’une telle sincérité qu’il est impossible de lui reprocher le moindre calcul.

De Noah Baumbach. Avec Greta Gerwig, Mickey Sumner, Michael Zegen. États-Unis. 1h26. Sortie le 3 juillet

 

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