INSAISISSABLES : chronique

31-07-2013 - 09:30 - Par

Un film raté, planqué derrière des artifices. Ou l’art de l’illusion par Louis Leterrier.

Quatre magiciens (Jesse Eisenberg, Isla Fisher, Woody Harrelson et Dave Franco) aux aptitudes complémentaires sont réunis par un mystérieux inconnu pour un coup d’éclat : lors d’un spectacle à Las Vegas, ils organisent avec succès le casse d’une banque parisienne en direct. Le FBI (représenté par Mark Ruffalo) et Interpol (Mélanie Laurent en ambassadrice) se mettent sur le coup, traquant les illusionnistes de ville en ville et cherchant l’identité de celui qui tire les ficelles. Le thriller de Louis Leterrier s’affiche d’abord en parangon du cool : quelques scènes d’introduction des personnages bien senties, un show à l’Américaine filmé avec une caméra aérienne emportant littéralement la mise en scène, une musique 70’s enlevée et énergique, un rythme endiablé. Un début ludique, qui promet un récit frais et roublard. C’était compter sans un scénario glissant lentement vers une terrible banalité, où chaque péripétie sonne faux et où chaque twist fait lever les yeux au ciel. C’est que, pour y croire, il aurait fallu qu’INSAISISSABLES ne manquât pas si terriblement de chair. Ses personnages n’existent qu’en tant que pions d’un script persuadé de sa malice mais inconscient que, sans de solides fondations, ce qui se passe à l’écran n’importe à personne. L’image excitée, le dialogue explicatif, la musique omniprésente (c’est pire que chez Christopher Nolan), les personnages antipathiques : INSAISISSABLES irrite par son laisser- aller et sa quête perpétuelle du style au détriment du fond. Pourtant, c’est dit à l’écran, et plusieurs fois dans le film : si vous regardez un tour de magie de trop près, vous ne distinguerez jamais le truc. Il faut l’observer de loin pour voir tout l’artifice. Un conseil que l’équipe aurait dû se donner à elle-même : scène par scène, le film peut provoquer une sorte de plaisir immédiat chez le spectateur qui colle son nez à l’écran. Mais si ce dernier a la mauvaise idée de prendre un peu de recul, il se rendra compte de la vacuité de l’histoire. Leterrier fait pourtant montre d’un certain entrain à filmer ses quatre Cavaliers en costard, rois et reine glamour de la prestidigitation à grande échelle. Mais il s’illusionne en pensant que son enthousiasme suffit à cacher les faiblesses d’un scénario daté, que seuls quelques effets spéciaux rendent plus ou moins actuel.

De Louis Leterrier. Avec Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Isla Fisher. États-Unis. 1h55. Sortie le 31 juillet

 

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