AMERICAN NIGHTMARE : chronique

07-08-2013 - 08:43 - Par

À trop vouloir dénoncer la gestion américaine du crime et la prolifération des armes, on se tire une balle dans le pied.

Dans un futur proche, les États-Unis auront établi une règle simple : une nuit par an, tous les crimes seront permis. Tuer son boss, massacrer son voisin, buter sa mère n’auront aucune conséquence juridique. Le gouvernement a une justification : cathartique, le système empêche tout acte de violence le reste de l’année. James Sandin (Ethan Hawke) en a fait un business lucratif : il vend des systèmes de sécurité infaillibles à de riches clients, les préservant des agressions à domicile. Le fameux soir de la « purge » (THE PURGE est le titre original du film), il barricade sa famille dans sa grande villa. Mais alors que la violence règne, le fiston ouvre à un homme en détresse, attaqué par un groupe d’assaillants. Et ces derniers débarquent à la porte : soit James leur livre leur proie, soit ils attaquent. Bien qu’AMERICAN NIGHTMARE soit un film d’anticipation, James DeMonaco a un message clair : dans sa tentative désespérée de canaliser la criminalité, l’Amérique se plante. Sa tolérance envers les armes est une erreur. Une mitraillette n’est jamais entre de bonnes mains. Et si son laxisme a une conséquence – voulue ou non –, c’est celle de voir les classes pauvres s’entretuer, pendant que les élites dissertent du sujet. Le gouvernement génère des fous de la gâchette, des tueurs sanguinaires, un racisme. Son film a donc l’ambition de se placer comme un FUNNY GAMES politique ou un ORANGE MÉCANIQUE dont on aurait changé le point de vue narratif. Il a de grandes aspirations à être un coup de semonce sur la société américaine. Malheureusement, on a trop entendu des défenseurs de la Constitution crier qu’avoir un flingue à la maison relevait du droit inaliénable. Et si AMERICAN NIGHTMARE aurait pu être un contre- argument assassin, il est suffisamment maladroit pour montrer, malgré lui, que la meilleure défense face à l’agression, ce sont, entre autres, les armes à feu. Ouf, les Sandin ont un arsenal dans la salle de contrôle. Un problème de fond plus grave qu’il n’en a l’air car là où le film voulait dénoncer un engrenage et prévenir des dérives, il se prend les pieds dans le tapis. Il aurait été simple pourtant d’opter pour un autre type de récit, soit plus noir dans son dénouement, soit plus imaginatif sans son déroulé. Tapi sous l’embarras qu’il provoque, un bon film – nerveux, virulent, engagé – frémit pourtant, fort de son audace à poser de vraies questions et d’une mise en scène solide. Un jour, un remake aura peut-être les idées plus claires.

De James DeMonaco. Avec Ethan Hawke, Lena Headey, Max Burkholder. États-Unis. 1h25. Sortie le 7 août

 

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