LE DERNIER PUB AVANT LA FIN DU MONDE : chronique

28-08-2013 - 10:15 - Par

Edgar Wright et Simon Pegg concluent leur Cornetto Trilogy dans un festival de rires, de nostalgie et de houblon. Cheers, mates.

« On veut être libres ! On veut être libres de faire ce que l’on veut ! Et on veut se bourrer la gueule. Prendre du bon temps. Et c’est ce qu’on va faire : prendre du bon temps. On va faire la fête. » Cette tirade des ANGES SAUVAGES (1966) de Roger Corman définit parfaitement le dernier volet de la Cornetto Trilogy. Elle dépeint non seulement l’état d’esprit du personnage principal, mais renvoie aussi à une époque, les 90’s : elle ouvrait la chanson « Loaded » de Primal Scream, classique de 1990 ressuscité avec envie par la bande-son du DERNIER PUB. Comprendre que le film, tout comme SHAUN OF THE DEAD et HOT FUZZ, fait plus que convoquer un certain amour parodique du genre – ici la SF catastrophe tendance INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES. Il se penche de nouveau sur les traumas d’une génération élevée à l’ombre des Trente Glorieuses, bercée par la culture de l’entertainment à l’ère du mercantilisme triomphant. Une génération sans grand repère ni héros véritable, cherchant sa place dans l’Histoire et désirant honorer des rêves de grandeur qu’elle n’assouvira jamais. Ou presque. Certes, Edgar Wright et Simon Pegg enrobent leur grande mélancolie et la nostalgie de leur jeunesse perdue dans un écrin comique de premier cru : des dialogues aux situations, des références à l’acuité du regard sur ces quadras lancés dans un marathon des pubs, tout concourt à livrer deux heures de poilade ininterrompue. Le spectacle est là, British jusqu’au bout des ongles. Mais au-delà de cette machine à rires maîtrisée à la perfection, Wright et Pegg dressent le portrait flippant d’une Angleterre esclave de la standardisation, combattue par un « adulescent », Gary, n’ayant jamais réussi à revivre ses jeunes heures de gloire. Pegg, dans ce rôle à fleur de peau, celui du loser magnifique qu’il aime tant assumer chez Wright, livre une prestation d’un rare brio comique, que viennent contaminer de poignants sursauts tragiques. Si bien qu’avec son partenaire et ami de toujours Nick Frost, ils donnent de sérieuses leçons de bromance à l’école américaine. Complice avec son public sans en faire trop, hilarant sans être inconséquent, dramatique sans tomber dans le pathos, LE DERNIER PUB… pourrait être le film parfait. Malheureusement, Wright et Pegg, comme s’ils n’étaient pas prêts eux-mêmes à tourner la page de leur trilogie, étirent leur récit et s’embourbent dans un épilogue inutile et totalement raté, au propos ambigu et foutraque. Une erreur de grands enfants obligés de grandir, sans doute. Comment leur en vouloir ?

D’Edgar Wright. Avec Simon Pegg, Nick Frost, Rosamund Pike. Grande-Bretagne. 1h49. Sortie le 28 août

 

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