Toronto 2013 : THE GREEN INFERNO / Critique

09-09-2013 - 10:03 - Par

D’Eli Roth. Avec Lorenza Izzo, Ariel Levy. Midnight Madness.

Sa carrière ne serait rien sans le festival de Toronto et la Midnight Madness. Littéralement. En 2002, Eli Roth voyait son premier film, CABIN FEVER, sélectionné à la dernière minute pour la section « genres » du TIFF et ce, alors qu’il manquait de financements pour le terminer. Depuis, le réalisateur était revenu par deux fois à la Midnight Madness, tout d’abord avec HOSTEL, puis l’an dernier avec AFTERSHOCK, qu’il produisait et interprétait. Retour dans son jardin pour l’édition 2013 et cette fois derrière la caméra, pour THE GREEN INFERNO. Nul doute qu’avec son nouveau projet, Roth aimerait s’inscrire dans la droite lignée des films de cannibales et notamment du plus connu d’entre tous, le mythique CANNIBAL HOLOCAUST de Ruggero Deodato. Ici, il nous conte comment une bande de jeunes universitaires américains, activistes écologistes, se rendent dans un pays d’Amérique du Sud pour protester contre la déforestation et sauver une tribu de l’extinction. En guise de remerciement, les natifs vont faire des étudiants le met de choix de leur prochain buffet. Avec un tel pitch, on sait à quoi s’attendre : énucléations, démembrements, viscère dévorées à même le corps, cuisson à petit feu, tortures en tout genre… Le menu s’avère aussi varié que chargé en hémoglobine. Malheureusement, impossible pour THE GREEN INFERNO de se mesurer réellement avec Deodato. En effet, ce dernier avait fait preuve de transgression extrême avec CANNIBAL HOLOCAUST – au point qu’il avait été arrêté pour obscénité. Or, à notre époque où le torture porn a peu à peu pris le pouvoir sur le genre horreur, difficile de choquer en filmant quelconque violence, à moins de sombrer dans l’insoutenable ou le moralement répréhensible. Alors certes, Roth a beau s’amuser à pousser le bouchon aussi loin que possible – quelques spectateurs se sont fait une joie de faire claquer leurs strapontins –, THE GREEN INFERNO ne parvient jamais à susciter l’effroi. La faute à une écriture guère soignée constituée de personnages stéréotypés et grossièrement croqués et à un rythme lancinant repoussant de manière assez arbitraire le moment où les choses sérieuses débutent (45 minutes de dialogues et d’exposition flottante). Le tout saupoudré d’un humour scatologique (diarrhée, masturbation) tombant à plat et d’une vision de la globalisation plus que simpliste en guise de propos définitif – « Tout est connecté : les bons et les méchants » dit le leader activiste. Jamais ennuyeux mais jamais passionnant non plus, pas franchement transgressif ni même jubilatoire, THE GREEN INFERNO peine donc à se faire sa place dans son genre, et se regarde tout juste comme un film d’horreur du samedi soir parmi tant d’autres.

D’Eli Roth. Avec Lorenza Izzo, Ariel Levy, Aaron Burns. États-Unis. 1h43. Prochainement.

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