Toronto 2013 : UNDER THE SKIN / Critique

11-09-2013 - 13:08 - Par

De Jonathan Glazer. Avec Scarlett Johansson, Paul Brannigan. Special Presentations.

Près de dix ans après BIRTH, Jonathan Glazer revient avec un opus inspiré du roman « Sous la peau » de Michel Faber, dans lequel une extraterrestre use de son sex appeal afin de séduire et assassiner des hommes pour le compte de son espèce. Jusqu’à ce qu’elle commence à se poser des questions sur sa mission… Dans le rôle de l’alien voracement sexy, Scarlett Johansson. Démesurément ambitieux, UNDER THE SKIN s’ouvre sur un long écran noir laissant place à un ballet de lumières et de sonorités gutturales. Fascinante et déstabilisante, cette entrée en matière – cette arrivée de l’E.T. sur Terre en somme – ancre UNDER THE SKIN dans son imperméabilité. Souvent à la limite de l’expérimental, le film n’entend donner aucun moyen au spectateur de se raccrocher à ce qu’il voit à l’écran. À lui de faire le chemin à sa guise, à son rythme, en décryptant le récit séquence après séquence. Ainsi jamais la nature extraterrestre de l’anti héroïne n’est-elle clairement explicitée ou suggérée. Formellement, si l’on admire l’aridité visuelle générale (notamment grâce aux décors naturels écossais, pluvieux et brumeux), c’est surtout la façon dont UNDER THE SKIN triture le ton qui interpelle : nappes de son et bourdonnement baignent le film dans une ambiance oppressante qui fait tant bien que mal oublier les redondances du récit. D’errance en errance, l’alien séduit des hommes, les tue, puis repart sur les routes. Des assassinats dont on ne connaîtra jamais la raison mais qui, esthétiquement, donnent lieu à des scènes d’une beauté plastique assez ahurissante, où le corps dénudé et diaphane de Scarlett Johansson se détache d’un décor noir de jais alors que ses victimes la suivent, inexorablement. Des séquences où le propos d’UNDER THE SKIN se fait plus évident : contrôlé par ses pulsions, l’homme préfère foncer tête baissée vers la mort plutôt que de renoncer à sa concupiscence et à la perspective d’un coït… Rien de très fondamental en soi, même s’il se dégage une touchante mélancolie de ce portrait d’alien comme représentation de la condition féminine. Réduite à un pur objet sexuel, la femme n’est alors plus qu’une enveloppe. Littéralement.

De Jonathan Glazer. Avec Scarlett Johansson, Paul Brannigan. Royaume-Uni. 1h48. Prochainement.

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