Toronto 2013 : BAD WORDS / Critique

12-09-2013 - 14:18 - Par

De Jason Bateman. Avec Jason Bateman, Rohan Chand. Special Presentations.

Après avoir officié derrière la caméra à la télévision (notamment pour sa série ARRESTED DEVELOPMENT), Jason Bateman s’est enfin décidé à diriger son premier film de cinéma. Et évidemment, il s’agit d’une comédie. Dans BAD WORDS, il se donne le rôle principal et décide d’aller à l’encontre de l’image qu’il s’est forgée au fil des années, à savoir celle du gars tranquille, plutôt aimable et appréciable, généralement victime des événements et de l’adversité, qu’il confronte le plus souvent avec un détachement presque britannique. Ici, Jason Bateman campe un salopard. Un vanneur grossier, égocentrique, profondément égoïste et désagréable. Du moins, en apparence, et jusqu’à un certain point : son personnage, Guy Trilby, la quarantaine, profite d’une faille dans le règlement pour s’inscrire à un concours d’orthographe oral normalement réservé aux enfants. Il crée ainsi l’inimitié des parents, des responsables du concours et ce faisant, insulte tous ceux qu’il rencontre, y compris les bambins, qu’il déstabilise et martyrise, histoire de s’assurer la victoire. Mais derrière ce sale con, un petit cœur bat car Guy fait tout cela pour un but très précis, mu par un trauma véritable. Mais lequel ? Avouons-le : voir Jason Bateman accumuler des blagues carton rouge, disserter sur le physique peu avantageux d’une mère de famille, ou insulter des gamins de 8 ans a ce petit quelque chose de jubilatoire. Les dialogues tombent comme des couperets et Bateman, visiblement ravi d’écorner légèrement son image, les balance avec une facilité et un sens du rythme déconcertant. Pourtant, en dépit de quelques gags hilarants et de la méchanceté de ton, le film ne décolle jamais. Sans doute parce que l’on a l’impression d’avoir déjà vu ça cent fois, que la narration patine dans des redondances ennuyeuses, que la durée du film s’étire inutilement (alors qu’elle n’est que de 88 minutes), que le scénario s’avère extrêmement prévisible et qu’au final, BAD WORDS ne remplit pas complètement son contrat et finit par donner une image bien plus polie et agréable de Guy Trilby. Le trauma qui le turlupine ne s’avère d’ailleurs pas des plus surprenants, ni ses motivations. Reste toutefois une bonne idée : la relation amicale qui se crée entre Guy et un de ses jeunes concurrents Chaitainya (Rohan Chand), pleine de vigueur et de simplicité. Les voir tous deux effectuer une virée du type 400 coups sur un bon gros son des Beastie Boys s’avère assez emballant. Dommage que cette énergie n’ait pas entièrement contaminé le film.

De Jason Bateman. Avec Jason Bateman, Rohan Chand, Kathryn Hahn. États-Unis. 1h28. Prochainement.

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