METALLICA THROUGH THE NEVER : chronique

09-10-2013 - 09:19 - Par

Le plus gros groupe de métal du monde débarque sur grand écran dans un mélange de captation de concert et de fiction.

Des concerts filmés, il y en a des flopées. Certains d’entre eux sont exploités au cinéma. On pense récemment à SHINE A LIGHT, des Rolling Stones, réalisé par Martin Scorsese, au prologue humoristique. Ou au très plan-plan U2 3D. Mais la tendance est plus bas-de-gamme, confer les machins lucratifs sur Justin Bieber ou les One Direction. Entrecoupés de tranches de vie et peu intéressants cinématographiquement, ils ont le mérite de témoigner de l’immense popularité de leur sujet. Metallica a passé le cap de l’autopromo et du merchandising. Ils ont voulu offrir à leurs fans un document inédit : un concert filmé, point de départ d’une pure fiction. Leur univers musical évocateur d’images fortes, leur poids dans l’inconscient collectif, ont permis à Nimród Antal d’élaborer un script qui est le parfait reflet de l’impact du groupe. Plantons le décor : James Hetfield, Lars Ulrich, Kirk Hammett et Robert Trujillo, les quatre membres actuels du groupe, se préparent à monter sur scène. Dans l’ombre, un roadie (incarné par Dane DeHaan) s’affaire. Lorsque le show démarre et qu’il peut enfin profiter du spectacle, on l’envoie en mission. Il doit récupérer un colis à l’autre bout de la ville. Mais dehors, stupeur : des émeutes ont éclaté. Il se retrouve alors pris dans une guérilla urbaine sanguinaire et irréelle. METALLICA THROUGH THE NEVER est donc un savant exercice de montage, trébuchant parfois, souvent magistral, où des scènes de violences urbaines s’intercalent au beau milieu d’un show à la puissance dévastatrice. La salle de concert est, en elle-même, le théâtre d’une mise en scène ambitieuse et chaotique où les quatre musiciens évoluent au beau milieu d’une chaise électrique volante, d’une Dame de la Justice géante et dégingandée et de rétroprojections d’images agressives. Ajoutez à cela la musique live et massive d’un des plus influents groupes de métal qui, depuis trente ans, balance sur la société cauchemardesque dans laquelle vit la jeunesse. Mâtinez le tout d’une fiction apocalyptique, allant au-delà de la pâle illustration des morceaux et rappelant dangereusement le style rebelle de Romain Gavras, et vous obtenez un long-métrage hybride éructant une rage des plus contemporaines. Si les fans apprécieront que le groupe n’ait pas succombé au mainstream (les deux tubes « Enter Sandman » et « Nothing Else Matters » interviennent en troisième bobine), les profanes pourront profiter de la beauté renversante de l’œuvre et se rendre compte, si ce n’était déjà fait, de la nature profondément subversive de Metallica, groupe qui ne vieillit pas.

De Nimród Antal. Avec Dane DeHaan, James Hetfield, Lars Ulrich… États-Unis. 1h30. Sortie le 9 octobre

 

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