BLOOD TIES : chronique

30-10-2013 - 13:08 - Par

L’un est flic, l’autre voyou. Ils sont frères. Remake US des LIENS DU SANG, le premier film américain de Guillaume Canet est une réussite. Non exempte de vilains défauts.

La version présentée à Cannes nous avait déjà séduits. Cette version salles, amputée d’un gros quart d’heure, tout autant. BLOOD TIES, passage à l’Ouest de notre Guillaume Canet national, a les défauts d’un film un peu trop grand pour les épaules de son auteur qui, sous influences, singe légèrement ses modèles : succession de tubes musicaux à la Cameron Crowe (un tic qui plombait déjà terriblement le mélo LES PETITS MOUCHOIRS) et réalisation de style scorsesien – avec en bonus un caméo de Griffin Dunne (AFTER HOURS) – qui tranche radicalement avec les mises en scène sages de ses précédents longs-métrages, et notamment NE LE DIS À PERSONNE. Et quitte à mettre d’abord en exergue les défauts de BLOOD TIES, avouons que Marion Cotillard ne livre pas ici sa meilleure performance et que certains acteurs caricaturent en roue libre le genre gangster. Mais quel réalisateur français ne serait pas grisé par un excellent scénario (adapté des LIENS DU SANG par un James Gray parfait pour le job) et une ribambelle de comédiens excitants ? Car l’atout principal de ce BLOOD TIES est de mettre en lumière des acteurs qu’on voit trop rarement sur grand écran. Noah Emmerich (WARRIOR, THE AMERICANS), Domenick Lombardozzi (THE WIRE, MALAVITA) et John Ventimiglia (LES SOPRANO, BLUE BLOOD), que le cinéma a trop longtemps voulu cantonner à de la figuration, peuvent ici laisser leur talent s’épanouir et démontrer qu’il n’y a pas de bon film sans bons seconds rôles. Canet fait ainsi preuve d’une vraie curiosité pour la scène américaine, sans se laisser aller à l’évidence hollywoodienne ni succomber au tout- glamour. Dans cette démarche, choisir Billy Crudup pour porter le rôle principal de son premier long-métrage de grande ampleur est une marque d’audace et d’intelligence. Il lui offre rien de moins que son meilleur rôle depuis PRESQUE CÉLÈBRE. Dans la peau d’un flic triste, écrasé par la flamboyance d’un frère voyou (Clive Owen) qu’il doit arrêter, déchiré entre son devoir et l’amour de sa famille, Crudup atteint, avec modestie et grâce, une complexité et une sensibilité qui bouleversent littéralement. D’autant que son personnage a la tâche ardue de cristalliser l’ambiance encore raciste des années 70, lui qui tombe amoureux d’une métisse (Zoe Saldana) sans pouvoir la fréquenter publiquement. BLOOD TIES est fort de son ambiance d’affliction permanente, des doutes qui animent chaque personnage et de la tragédie d’une lutte fratricide. Et si le film trébuche parfois, il se relève toujours par sa dimension romanesque, emportant inexorablement le spectateur vers de belles émotions.

De Guillaume Canet. Avec Billy Crudup, Clive Owen, Zoe Saldana. États-Unis. 2h07. Sortie le 30 octobre

 

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