THOR – LE MONDE DES TÉNÈBRES : chronique

31-10-2013 - 13:47 - Par

Moins décalé que THOR version Branagh et plus porté sur la grosse pyrotechnie chère à IRON MAN 3, LE MONDE DES TÉNÈBRES s’apprécie sans passion et s’oublie vite.

En 2011, Kenneth Branagh avait eu la lourde tâche de porter sur grand écran les aventures de Thor. Soit, a priori, un pari des plus risqués tant le héros Marvel, peu connu du très grand public, aurait pu charrier son lot de kitsch gentiment ridicule. Le talent du cinéaste anglais avait été justement d’embrasser, sans s’excuser, le caractère « camp » de l’univers du personnage et avait actionné des leviers allant du franc décalage burlesque à l’ironie sardonique. Un recul nécessaire et salvateur ayant immédiatement suscité une grande tendresse pour le Dieu du Tonnerre – d’autant que Chris Hemsworth se révélait excellent au petit jeu de la déconne pince-sans-rire – et ayant permis au réalisateur d’y inclure tout ce qui caractérise son cinéma – à savoir l’empreinte indélébile du drame shakespearien. On appelle ça une vision, un regard d’auteur. Soit ce dont est totalement dénué la suite, THOR – LE MONDE DES TÉNÈBRES. Car désormais, Thor n’est plus ce personnage un peu marginal, au fort potentiel répulsif, puisque membre de la Team Avengers. On ne doutait pas que Marvel Studios souhaite voir plus grand, plus gros, plus fort. LE MONDE DES TÉNÈBRES envisage donc d’élargir l’univers présenté par le premier opus, en faisant voyager le spectateur à travers les Neuf Royaumes de la Voie lactée (Asgard, Vanaheim, Svartalfheim…) et en en présentant les habitants, créatures et environnements hostiles. Le tout pour nous conter comment Malekith le Maudit, leader des Elfes Noirs, va tenter de répandre les ténèbres sur les dits Neuf Royaumes. Pourquoi ? Parce qu’il le peut – grâce à la mystérieuse Ether. Et qu’il est méchant. Très méchant. Très vite, THOR – LE MONDE DES TÉNÈBRES s’affiche privé de tout enjeu réellement dramatique : l’opposition entre les forces d’Asgard et celles de Malekith n’est que prétexte à d’énormes moments de bravoure qui, s’ils affichent pour quelques-uns une certaine efficacité, s’enchaînent sans grande passion. Il faut dire que le scénario radote, alignant deux fois les mêmes scènes – une voix off introductive explique le passé de Malekith, avant que la chose ne nous soit assénée une seconde fois dans une scène entre Odin et Jane Foster – et semble ne jamais vouloir donner la moindre substance aux personnages secondaires, coquilles vides utilisées arbitrairement au gré du récit, ou au vilain, psychopathe sans aucune ligne de fracture émotionnelle à laquelle se raccrocher. Autant dire que THOR – LE MONDE DES TÉNÈBRES ne déroge pas à la certaine crise du blockbuster actuel, compensant son manque de malice ou d’identité (visuelle comme narrative) par un déluge pyrotechnique. Heureusement, la relation unissant Thor à son frère adoptif Loki (campés avec passion par Chris Hemsworth et Tom Hiddleston) vient relever l’intérêt général du film, lui offrant quelques sursauts d’humour ou d’émotion. Dommage que les pistes dramaturgiques explorées là soient vite abandonnées par la conclusion du troisième acte, qui défait artificiellement tout ce que le film avait tenté de construire. Se dégage de cette pirouette finale un grand sentiment de gâchis, où le Marvel Cinematic Universe semble incapable d’être régi par des choix narratifs forts. Avec cette suite de THOR, le Marvel-verse apparaît ainsi de plus en plus composé d’opus dont la seule vocation reste de mener à un prochain AVENGERS, d’épisodes faisant patienter les fans jusqu’au prochain – on en veut pour preuve l’apparition gratuite d’un Vengeur ou l’inutile scène post générique.

D’Alan Taylor. Avec Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Natalie Portman. Etats-Unis. 1h52. Sortie le 30 octobre

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.