5 questions à Kevin Feige

07-11-2013 - 17:17 - Par

Lors de la tournée promo de THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES, le président de Marvel Studios et producteur de tous les films de la firme a fait un court détour sur Paris. L’occasion de lui poser quelques questions qui fâchent…

Interview publiée dans Cinemateaser Magazine n°29

Dans les films Marvel Studios, les personnages passent avant le réalisateur, avant l’acteur… Cela ne vous empêche-t-il pas de faire des comic book movies d’auteurs comme ceux de Tim Burton, Sam Raimi ou Chris Nolan ?
Je ne pense pas. Faire passer le personnage avant tout, cela signifie nous permettre d’engager qui l’on veut et pas forcément une vedette. Nous pensons que le héros saura de lui-même attirer le public. Aujourd’hui, Robert Downey Jr est la plus grande star au monde et beaucoup nous disent que nous avons eu de la chance de l’avoir ! La vérité ? Il a auditionné et nous avons pris un énorme risque en le choisissant. Aucun autre studio n’aurait fait ça. Idem concernant notre décision d’engager Kenneth Branagh ou Alan Taylor pour diriger THOR et THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES. Nous avons tellement confiance en nos histoires et en nos personnages que nous pouvons confier nos films à des cinéastes n’ayant pas l’habitude de gérer des blockbusters de cette taille. Et nous leur demandons d’apporter leur vision.

Avec la Phase 2, vous faites face à un énorme défi : que des suites ne soient pas de simples épisodes d’une série de films…
Quand nous bossions sur IRON MAN, nous ne savions pas s’il serait un succès ou notre dernier film. Si nous ne voulions pas mettre la clé sous la porte, il devait être le meilleur possible. D’où notre credo : nous faisons un film à la fois, nous ne gardons rien sous le coude, car il n’y aura peut-être pas de prochaine fois. Toute la Phase 1 a été conçue ainsi. Les caméos post-générique étaient juste une manière d’éduquer le public profane au fait que tous ces personnages évoluent dans le même univers. Sur AVENGERS nous avons dit à Joss (Whedon, ndlr) qu’il ne faisait pas IRON MAN 3, THOR 2 ou CAPTAIN AMERICA 2 mais AVENGERS 1. Il devait fonctionner même pour les spectateurs n’ayant vu aucun autre film de la Phase 1 et vu son succès, cela a été le cas. Pour la Phase 2, il nous faut rappeler au public que ces héros sont aussi intéressants seuls que réunis.

Disney est connu pour sa stratégie multi plateformes où doivent évoluer des personnages identifiés fédérant un large public. Cela empêche-t-il Marvel de se pencher sur des héros plus sombres et moins connus comme Luke Cage ou Iron Fist ?
Non. Disney soutient énormément chacune de ses marques et sait pertinemment que l’univers Marvel est différent du sien. Du coup, il n’y a pas le logo Disney – seulement le nôtre – au début de THOR 2 ou sur le poster. Alors concernant Luke Cage, Punisher ou Daredevil, je pense qu’ils s’inséreront parfaitement dans ce que nous voulons faire dans le futur, que ce soit au cinéma ou à la télé.

En ressuscitant Coulson dans la série AGENTS OF S.H.I.E.L.D, vous êtes allé à rebours du cœur émotionnel d’AVENGERS. Dans THOR 2, vous tuez un personnage et le faites revenir à la fin… Des choix dramaturgiques forts et irréversibles sont-ils devenus impossibles en raison du plan à long terme que vous avez bâti ?
Nous avons le droit de tuer des personnages. La mort de Coulson dans AVENGERS était censée être définitive. Mais quand nous avons lancé AGENTS OF S.H.I.E.L.D, Joss a eu une idée pour le faire revenir. J’avais peur qu’ils gâchent AVENGERS rétrospectivement avec cette idée, mais la série semble fonctionner. Pour THOR 2, nous savions dès le départ que le personnage en question ne mourrait pas vraiment.

Est-ce que le succès phénoménal des films Marvel pourrait poser problème dans le futur ? Vous obliger à voir toujours plus grand en termes d’ampleur et du nombre de films produits chaque année ?
Durant la Phase 1, nous alignions déjà deux films par an. Il se trouve que le public a été réceptif et que nous étions capables de le faire. Chez Disney, ils sont suffisamment intelligents pour ne pas nous dire : « Ces films cartonnent, tournez-en cinq ou huit par an. » S’ils le faisaient, il arriverait un stade où nous refuserions. Et si une année nous en sortons trois, ce sera uniquement dû à des contingences de production ou de disponibilité d’acteurs.

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