CET ÉTÉ-LÀ : chronique

27-11-2013 - 09:36 - Par

Sam Rockwell, empereur du cool, illumine ce teen movie initiatique qui compense son manque d’originalité par sa sincérité.

Se trouver un mentor pour surmonter les affres de l’adolescence. Comprendre que si tout meurt, l’existence doit se vivre sans états d’âme. Apprendre à s’accepter avant de pouvoir aimer l’autre. Ces thèmes, nombre de récits initiatiques les ont abordés avant CET ÉTÉ-LÀ. Et souvent avec une plus grande complexité émotionnelle ou psychologique. Rien qu’en 2013, CET ÉTÉ-LÀ se paie un concurrent de choix : le splendide MUD. Mieux vaut donc ne pas trop attendre du premier film de Nat Faxon et Jim Rash – tous deux acteurs, vus respectivement dans BAD TEACHER et THAT 70’S SHOW. Surtout que CET ÉTÉ-LÀ traîne derrière lui le cortège des tics consensuels de l’indie américain : bande-son au poil, réalisation fonctionnelle comme passeport pour le réalisme, cocktail d’impertinence laid back et de mélancolie rêveuse. Il est donc d’autant plus étonnant que cet objet que l’on pourrait balayer d’un revers de la main sans ne plus jamais y repenser parvienne à tracer son sillon. Si l’on décode assez rapidement les enjeux, si l’on anticipe sans se griller le cerveau les détours que prendra le récit, CET ÉTÉ-LÀ brille par la simplicité avec laquelle tous ces éléments sont agencés. Sans faire les malins, Faxon et Rash optent pour le point de vue de Duncan (excellent Liam James), jeune garçon timide, mal dans ses godasses, inapte socialement et trop intelligent pour son âge. Et s’y tiennent. La tristesse et la colère qui exsudent de ce gamin mal fagoté et aux épaules voûtées par trop d’intériorisation installent CET ÉTÉ-LÀ dans un inconfort accrocheur. Jusqu’à ce que Duncan, cerné par des adultes franchement débiles au comportement d’ados attardés et des jeunes filles écervelées brandissant très haut le drapeau des pétasses du monde entier, rencontre Owen (Sam Rockwell). Un adulte tout aussi attardé, pourtant plus méritant car lui, au moins, possède un credo : vivre et s’assumer. Avec son charisme surnaturel, son débit de mitraillette et son bagout drôlissime, Rockwell interprète un mentor über cool, humain et poignant dans son refus des conventions. Sans pour autant pousser trop loin son étrangeté ou son anticonformisme. Cette mesure assure à CET ÉTÉ-LÀ une sincérité indéniable et lui permet d’arriver à bon port lors d’un troisième acte d’autant plus poignant et réussi qu’il ne s’accompagne d’aucune putasserie ou d’aucune velléité au happy end forcé. Une justesse plutôt surprenante et attachante pour un premier film.

De Nat Faxon et Jim Rash. Avec Liam James, Sam Rockwell, Steve Carell. États-Unis. 1h43. Sortie le 27 novembre

 

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