LE HOBBIT – LA DÉSOLATION DE SMAUG : chronique

09-12-2013 - 21:27 - Par

Peter Jackson semble enfin s’amuser à nous conter les aventures de Bilbon. Un enthousiasme plutôt contagieux.

L’an dernier, LE HOBBIT – UN VOYAGE INATTENDU fut une désappointement assez cruel : embourbé dans une narration dépourvue de réels enjeux, le premier volet de la trilogie s’affichait en introduction pataude et ne parvenait jamais à faire des choix dramaturgiques forts. Au lieu de retourner en Terre du Milieu la fleur au fusil, on semblait y avoir été traîné par un Peter Jackson apparaissant peu convaincu du bien fondé de cette saga prequel. Mais, en admirateurs du SEIGNEUR DES ANNEAUX, on ne pouvait qu’espérer que le tir soit rectifié avec le deuxième volet, LA DÉSOLATION DE SMAUG. Des espoirs cette fois non déçus : car oui, cette suite s’avère bien plus réussie. Contrairement à ce que l’on avait pu ressentir sur UN VOYAGE INATTENDU, Peter Jackson semble ici franchement s’amuser : la narration se fait enfin alerte, par la grâce d’un dédoublement davantage maîtrisé des storylines et surtout, le rythme auquel Jackson mène son récit ménage autant l’intime que le spectaculaire, l’action que la caractérisation des personnages – mention spéciale à Tauriel, nouvelle venue totalement inventée pour le film. Autant dire qu’ici, les 160 minutes de métrage filent à une vitesse assez folle, sans que l’ennui ne s’installe. Surtout que les enjeux dramatiques se révèlent bien plus prégnants et la sensation de danger plus palpable. Qu’il s’agisse d’une imparable séquence d’illusions / hallucinations dans Mirkwood – à l’incroyable travail sur le son –, d’une attaque d’araignée géantes chorégraphiée comme un ballet morbide – où les CGI ont parfois d’étranges atours de stop motion old school – ou d’une descente de rapides en tonneaux assortie d’une baston opposant les Orques aux Nains et aux Elfes, Peter Jackson gratifie le spectateur de quelques belles séquences d’aventure. Sans compter le face-à-face entre Gandalf et une force du Mal dévastatrice ou celui entre Bilbon et Smaug dans les mines de la Montagne Solitaire, deux beaux moments de thriller / fantasy à la bravoure visuelle indéniable. Bien sûr, on pourra regretter que les clins d’œil au SEIGNEUR DES ANNEAUX sonnent comme du fan service guère utile. Pire, ils handicapent LE HOBBIT en le ramenant toujours à une comparaison qui ne joue pas en sa faveur. Dommage, puisque contrairement aux apparitions d’Elrond, Frodon et Galadriel dans UN VOYAGE INATTENDU, le retour de Legolas apparaît ici organique. De même, on s’interrogera sur quelques flottements visuels à la limite du honteux pour une telle production d’un tel cinéaste – de trop nombreux fonds verts ratés ; des séquences « tout numérique » à l’étalonnage fadasse. Et enfin, on pourra pointer du doigt l’artificialité du cliffhanger final, plus maladroit qu’excitant, et qui pâtit du découpage tardif du récit en trois parties – LE HOBBIT devait au départ être un diptyque. Pourtant, impossible d’en tenir totalement rigueur à LA DÉSOLATION DE SMAUG : cette fois, l’aventure de Bilbon procure un plaisir non feint et communicatif, qui ouvre de très jolies perspectives pour le troisième et ultime volet.

De Peter Jackson. Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Orlando Bloom. Etats-Unis / Nouvelle-Zélande. 2h41. Sortie le 11 décembre

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.