MANDELA – UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ : chronique

17-12-2013 - 10:46 - Par

Le biopic du leader sud-africain pâtit des défauts classiques du genre mais excelle lorsqu’il traite de la dimension politique de son combat.

Plus besoin de présenter Nelson Mandela, activiste sud-africain ayant toute sa vie combattu l’apartheid, auprès de sa femme Winnie. Réaliser un biopic de Madiba, c’était alors se risquer à enfoncer des portes ouvertes. À moins qu’on n’ait un point de vue fort sur son existence chaotique et sa lutte idéologique pour la dignité. Malheureusement, le réalisateur Justin Chadwick (DEUX SŒURS POUR UN ROI) n’en a pas. Durant deux longues heures et demie, il explorera tout de Mandela : son enfance, ses jeunes heures d’avocat, ses plaidoiries honteusement balayées par les Blancs, son engagement idéologique contre l’apartheid, sa rencontre avec Winnie, la radicalisation de ses proches, sa traque par les autorités, son emprisonnement, etc. Et ceci dans un ordre chronologique, pour un film tout bien rangé, dont rien ne dépasse. La personnalité du leader politique a bien quelque chose de faillible (mauvais époux, père parfois absent) qui rend le tout un peu plus intéressant qu’il n’en a l’air… Car ses convictions ont réduit sa famille en miettes ; c’est là qu’intervient la sacro- sainte question du sacrifice personnel pour le bien d’une cause plus grande. Mais c’est sans surprise que Chadwick alterne des scènes de guérillas urbaines ou de tueries et des séquences plus intimes, à mesure que la violence agitant le pays renforce les convictions de son plus charismatique leader et la rage de sa chère épouse, prônant la lutte armée. Rien de bien neuf sous le soleil du devoir de mémoire enflammé, sans exigence narrative. MANDELA – UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ a toutefois un point fort : celui de décrire avec tact et intelligence l’issue de l’incarcération de Mandela, la manière dont il a fait le deuil de la haine, la façon dont il a joué de sa popularité pour reprendre les rênes politiques et cet art si particulier qu’il a eu de rallier à sa cause pacifiste les Sud-Africains. Et ce, même s’il fallait en passer par un divorce et l’incompréhension de ses alliés de longue date. C’est donc dans sa dernière demi-heure que le film, jusque-là très scolaire, devient rusé, éclairé et porté par une force que toutes les scènes d’injustice et de meurtres – indispensables évidemment, pour honorer les victimes – n’avaient pas réussi à dégager jusqu’alors. L’importance humaine et historique de Mandela n’aura jamais été aussi bien décrite que lorsque Chadwick dépassionne le propos et garde la tête froide. On n’avait pas besoin d’un film pour pleurer les trop nombreux morts de l’Afrique du Sud. En revanche, on avait besoin d’un film pour comprendre le pardon.

De Justin Chadwick. Avec Idris Elba, Naomie Harris, Tony Kgoroge. Grande-Bretagne / Afrique du Sud. 2h32. Sortie le 18 décembre

 

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.